Burundi : carton plein pour l’audacieux Bukuru

Quand les autorités l’ont placé à la tête de la Société sucrière du Moso, alors en faillite, il n’a pas eu le choix. Deux ans plus tard, son bilan satisfait les employés comme les actionnaires. Inespéré !

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 18 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Son incroyable histoire commence en 2010. Audace Bukuru est alors conseiller économique au cabinet du deuxième vice-président du Burundi quand, surprise, il apprend sa nomination à la tête de la Société sucrière du Moso (Sosumo), en faillite, dans la province de Rutana (Sud-Est). « Je ne comprenais pas ce que j’allais faire dans cette galère, moi qui avais passé un quart de siècle dans le secteur bancaire, se souvient-il. En plus, les anciens dirigeants de la Sosumo étaient en prison… » Faisant fi de ses réserves, les autorités ne lui laissent pas le choix. « C’est vous ou rien », lui dira le chef de l’État.

En octobre 2010, lorsque le nouvel administrateur-directeur général entre en fonction, le défi qu’il doit relever est de taille : redresser une entreprise dont la production est en baisse, qui croule sous 5 millions d’euros de dettes et plus de 18 millions d’euros d’arriérés. Audace Bukuru commence par réunir tout le monde afin de restaurer la confiance. « J’avais fait venir un directeur administratif et financier que je connaissais bien, se souvient-il. Il fallait sensibiliser le personnel, et nous avons passé des nuits blanches à discuter. »

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L’une des premières mesures fut de réduire le train de vie des cadres. Plus de frais téléphoniques personnels, plus de frais de mission pour les week-ends à Bujumbura, plus de frais de cuisine, plus de carburant utilisé pour des déplacements privés… Dans la foulée, Audace Bukuru supprime la tradition des sacs de sucre offerts, chaque mois, aux membres du gouvernement et à quelques autres personnalités. Une décision lourde de conséquences. « J’ai reçu des coups de fil de menaces, mais j’ai tenu bon, notamment parce que le président m’a soutenu », explique-t-il. Aujourd’hui, des gardes sont commis à sa sécurité.

Geste rare

En quelques mois, Audace Bukuru est parvenu à sortir la Sosumo d’une situation jugée sans issue. La production de sucre de canne est passée de 14 137 tonnes en 2009-2010 à 20 501 t en 2010-2011. Et sur le plan financier les résultats dépassent les espérances : la Sosumo a apuré toutes ses dettes et a, en outre, versé 50 milliards de francs burundais (environ 28,2 millions d’euros) d’impôts et taxes au Trésor public en 2011. Ses bénéfices nets atteignent 2,23 milliards de francs burundais en 2011 (contre 638 millions en 2010, soit une hausse de 250 %), un record depuis la création de la société, en 1982.

Après ce redressement réalisé en à peine un an, les personnels de la Sosumo – 800  permanents et 6 000 employés pendant la campagne sucrière – ont tenu à remercier leur directeur et se sont cotisés pour lui offrir une belle génisse. Un geste rare. Quant aux actionnaires – l’État burundais, Brasseries et limonaderies du Burundi (Brarudi), Ecobank -, cette bonne fortune retrouvée les a décidés à injecter 40 millions d’euros dans la société afin d’augmenter sa production, qui pourra être exportée vers les pays voisins, la Sosumo disposant de 6 800 ha de terres, dont 3 000 ne sont pas encore exploités. La Tanzanie, qui n’est située qu’à quelques kilomètres, se dit d’ailleurs intéressée par un partenariat avec l’entreprise.

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