Burundi : stratégie économique au long cours
Au Burundi, les activités redémarrent, portées par le développement de filières plutôt prometteuses.
Agriculture
Les bons plans
Contribuant à hauteur de 36,4 % au PIB, le secteur primaire est le deuxième pôle d’investissement du pays (33 %, après les télécoms). Selon le ministère de la Planification, il devrait progresser de 5,2 % en 2012 et de 9,4 % en 2013, en particulier grâce aux filières café et thé (lire pp. 98-99) et au programme de redynamisation de l’élevage. Pour réduire les importations et endiguer la hausse des prix des denrées de base, la priorité est d’accroître la production et la productivité vivrières (bananes, riz, manioc, huile de palme, blé, pommes de terre). Les sols fertiles, la gamme variée de cultures – tropicales et tempérées -, le réseau hydrographique et la pluviométrie abondante devraient permettre d’y parvenir rapidement. À condition que ni la mauvaise météorologie ni les maladies (mosaïque du manioc et flétrissement bactérien du bananier) n’obligent à revoir les rendements à la baisse.
Le gouvernement a mis en place un Programme national d’investissement agricole (PNIA) 2012-2017, qui vise à soutenir le développement rural et assurer au pays une croissance de 6 % par an jusqu’en 2017. Une table ronde des bailleurs, organisée en mars à Bujumbura, a déjà permis de mobiliser 525 millions d’euros sur un financement total de 850 millions d’euros.
Mines
Horizon nickel
Les mines constituent un autre point fort. La production se limite à la cassitérite et au coltan (3 % des recettes d’exportation en 2011), mais les explorations ont révélé d’importants gisements de cuivre, de cobalt et, surtout, de nickel, qui devraient rapidement changer l’horizon du secteur. Les ressources du pays sont évaluées à 250 millions de tonnes (Mt) de nickel, dont le plus important gisement (180 Mt), à Musongati, dans la province de Rutana (Sud-Est), devrait entrer en production en 2017 pour atteindre une capacité de 50 000 t par an en 2019. L’opérateur, Burundi Mining Metallurgy, est une filiale du holding sud-africain Kermas, qui devrait investir plus de 1,2 milliard d’euros dans le projet. En août, le gouvernement a par ailleurs annoncé la signature d’un contrat de partenariat public-privé avec Kermas pour la production et la fourniture d’électricité à la raffinerie.
Électricité
Générateur d’énergie
S’il est un enjeu hautement stratégique au Burundi, c’est celui de l’électricité, indispensable au développement industriel en général et à celui de l’agroalimentaire et de la raffinerie de Musongati en particulier. Malgré un potentiel de 1 700 MW, la capacité de production actuelle du pays est de 36 MW, le déficit oscillant entre 15 et 25 MW selon les saisons.
Le gouvernement a lancé la construction de complexes hydroélectriques (sur les rivières Mpanda, Kaburantwa et Kagunuzi), qui permettront de disposer de 40 MW d’ici à 2016, et cherche des partenaires financiers et industriels (notamment en Chine, en Norvège, en Inde et en Israël) pour porter sa capacité à 300 MW d’ici à 2030. Le pays devrait en outre disposer de 49 MW des 147 MW de la centrale hydroélectrique de Ruzizi III, en construction dans le cadre de la Communauté économique des pays des Grands Lacs, et de 27 MW des 80 MW produits par celle de Rusumo Falls, qui va alimenter le Burundi, la Tanzanie et le Rwanda.
Tertiaire
Télécoms et tourisme
Côté tertiaire, depuis 2009, les télécoms concentrent la plus grande part des investissements dans le pays (34 %), avec cinq opérateurs présents : Africel, Econet, Onamob, Smart et Ucom. Ce dernier, filiale d’Orascom Telecom, détient 72 % de part de marché avec 130 000 abonnés. Un résultat qui le hisse au rang de deuxième contributeur au budget de l’État après les Brasseries et limonaderies du Burundi (Brarudi).
Quant au tourisme, quatrième secteur d’investissement du pays, il ne représente que 1 % du PIB, 750 000 visiteurs et 1,5 million d’euros de recettes par an, mais est considéré comme l’un des principaux leviers de développement. Le gouvernement a lancé en septembre 2011 une Stratégie nationale de développement durable du tourisme, dont les actions sont programmées sur dix ans, l’objectif étant d’améliorer la capacité et la qualité de l’accueil. Sur les quelque 70 hôtels recensés à Bujumbura, seuls 30 % sont conformes aux standards internationaux. Et plus de 80 % des 2 000 personnes employées dans le secteur n’ont pas reçu de formation spécifique.
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