Minerais de sang : la RD Congo veut faire sanctionner le Rwanda
La RD Congo demande un embargo sur l’exportation de minerais depuis le Rwanda qu’il accuse de financer la rébellion dans l’est du pays.
Les tensions entre le Rwanda et la RD Congo n’ont cessé de s’exacerber au cours de 2012. Un rapport de l’ONU publié à la fin 2011 affirmait que Bosco Ntaganda, l’un des leaders du M23, un groupe rebelle, continuait à passer des minerais en contrebande à travers le Rwanda.
La RD Congo a décidé d’agir auprès des instances internationales. Reuters a pu accéder à une lettre de Martin Kabwelulu, ministre des Mines congolais, qui demande la mise en place d’un embargo sur l’exportation de minerais depuis le Rwanda. Ce courrier, daté du 29 août et adressé à Mary Shapiro, présidente de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la bourse américaine, accuse notamment le Rwanda d’aider des groupes armés à passer des minerais en contrebande depuis le Congo pour les exporter ensuite.
Selon les termes du ministre, « pour mettre fin à cette situation, l’une des solutions consisterait à imposer un embargo sur tous les minerais en provenance du Rwanda jusqu’à la mise en œuvre d’une paix durable dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu ». Il demande ensuite à ce que la SEC impose aux entreprises américaines de ne plus acheter de minerais en provenance du Rwanda. La SEC n’a pourtant pas de mandat pour imposer un embargo de ce genre.
Faux progrès
Selon Global Witness, tout indique que le Rwanda est impliqué dans le blanchiment des profits de la vente de minerais illégaux.
L’an dernier, le Rwanda a fait preuve de bonne volonté en renvoyant en RD Congo plus de 80 tonnes de minerais passés en contrebande et capturés par ses douaniers. Le gouvernement rwandais a également régulièrement fait part de sa volonté d’améliorer la traçabilité des minerais qui transitent par son territoire, qu’ils soient produits localement ou non. De son côté, la SEC a déjà confirmé l’application de la législation relative aux « minerais de sang » le mois dernier. Cette disposition de la loi Dodd-Frank requiert que les sociétés cotées aux États-Unis prouvent que les minerais acquis en RD Congo et dans les neuf pays voisins n’ont pas servi à alimenter le conflit.
Cependant, l’ONG Global Witness a annoncé mardi 18 septembre que tout indiquait que le gouvernement rwandais était encore impliqué dans le blanchiment des profits de la vente de minerais illégaux au bénéfice des groupes armés.
(Avec Reuters)
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