Égypte : adoption d’une loi antiterroriste controversée

Le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi a ratifié dimanche une loi antiterroriste controversée, notamment en raison des amendes très lourdes qu’elle prévoit pour les journalistes contredisant les informations officielles en matière de sécurité.

Le président Al-Sissi observant un exercice des forces de l’air, 2014. © Sherif Abd El Minoem/AP

Le président Al-Sissi observant un exercice des forces de l’air, 2014. © Sherif Abd El Minoem/AP

Publié le 17 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Considérée comme une menace de plus contre la liberté de la presse, la loi antiterroriste égyptienne a été ratifiée par le président Sissi et publiée dimanche 16 août au journal officiel. Elle instaure une amende pouvant aller de 200 000 à 500 000 livres égyptiennes (entre 23 000 et 58 000 euros) pour toute personne diffusant ou publiant de fausses informations sur des attentats ou des opérations contre des combattants islamistes.

Ses détracteurs estiment que les amendes pourraient contraindre des petites publications à fermer et dissuader les autres médias de travailler de manière indépendante. Initialement, le texte ne prévoyait pas seulement des amendes à l’encontre des journalistes mais des peines pouvant aller jusqu’à deux ans de prison. L’article 33 de la loi avait été modifié le 16 juillet dernier pour réduire les peines face à la grogne des journalistes.

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En revanche, une clause a été ajoutée, autorisant les tribunaux à empêcher les personnes condamnées d’exercer leur profession pendant une période ne pouvant pas excéder un an, si l’infraction viole les principes de ladite profession, sans citer spécifiquement le métier de journaliste. Selon des responsables du gouvernement, pour qu’un journaliste soit condamné en vertu de la nouvelle loi, le texte exigerait que l’intention de diffuser de fausses informations soit prouvée.

Riposte législative

Mais la loi adoptée ravive évidemment la crainte que des journalistes ne se retrouvent à nouveau au tribunal. Trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazira ont été condamnés en première instance en 2014 à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison pour avoir « diffamé » le pays et soutenu les Frères musulmans. Leur jugement en appel est attendu à la fin du mois.

La loi antiterroriste avait été promise par le président Sissi au lendemain de l’assassinat, le 29 juin, du procureur général Hicham Barakat dans un attentat au Caire et suite aux séries d’attaques jihadistes de grande ampleur contre des militaires qui ont suivi dans la péninsule du Sinaï. Les médias avaient publié un bilan plus lourd que celui annoncé par le gouvernement, ne se fiant pas seulement aux sources officielles et la couverture avait déplu à l’armée.

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Outre la menace pour la liberté de la presse, la loi antiterroriste préconise la peine de mort pour les personnes coupables d’avoir créé, dirigé ou financé une organisation terroriste, et la prison pour celles jugées coupables de promotion du terrorisme.

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