Banque : SGBCI à la conquête des particuliers

Longtemps léthargique, la SGBCI, filiale locale du groupe Société générale, s’est remise à l’offensive. Au programme : l’ouverture de 8 à 9 agences par an pour élargir sa clientèle.

La banque a développé son offre de crédits afin d’attirer les fonctionnaires et salariés du privé. © Vincent Fournier/JA

La banque a développé son offre de crédits afin d’attirer les fonctionnaires et salariés du privé. © Vincent Fournier/JA

Publié le 28 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

L’heure de la reconquête et de la consolidation a sonné pour la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI), qui fêtera son cinquantenaire avant la fin de l’année. Le 21 août, en toute discrétion, la première banque ivoirienne a rouvert son agence du quartier Commerce dans la ville de Man, dans l’extrême Ouest ivoirien. Elle poursuit ainsi son déploiement dans le pays. Ses dirigeants prévoient à terme de dépasser le seuil de 80 agences, contre 63 aujourd’hui. Le plan de développement 2012-2015 table sur l’ouverture de 8 à 9 implantations par an. L’objectif est de créer une plus grande proximité et de capter un nombre croissant de clients.

Seuls le groupe panafricain Ecobank et la Société ivoirienne de banque (SIB), filiale du marocain Attijariwafa Bank, semblent manifester la même agressivité. Les établissements nigérians, dont l’implantation en Côte d’Ivoire faisait craindre une explosion de la concurrence, n’arrivent pas à se démarquer sur un marché très éclaté. « Tout le monde pensait que nous reculerions face aux mastodontes nigérians. Au final, nous parvenons à maintenir nos positions et à dominer le marché, souligne, euphorique, un dirigeant de SGBCI. La concurrence n’est pas vraiment une menace. Par contre, c’est un bon stimulant. »

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Entre 2009 et 2011, les investissements de la banque se sont établis à plus de 23,8 milliards de F CFA (36,3 millions d’euros), dont les deux tiers ont été consacrés au déploiement du réseau. La filiale du groupe Société générale n’entend pas céder sa place de leader – avec un total de bilan de 817 milliards de F CFA au premier semestre 2012, elle détient 19,5 % de part de marché des emplois clientèle, contre 14,6 % pour son poursuivant, Ecobank. Dans les trois ans à venir, 30 millions d’euros seront consacrés à sa stratégie développement. « C’est un rattrapage. SGBCI n’a pas investi pendant deux décennies. Maintenant, elle se met à niveau », explique un analyste financier.

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La stratégie est claire. Il s’agit de profiter de la reprise des investissements dans le pays, même si l’embellie reste timide. Abidjan et ses 5 millions d’habitants sont au coeur du plan d’action de la banque, qui a multiplié ces derniers mois l’ouverture d’agences avec des services bancaires complets. Son ambition est en effet de se développer sur l’ensemble des segments de l’activité, en continuant à surveiller le corporate, son segment de prédilection traditionnel, tout en misant davantage sur le retail (particuliers et clientèle professionnelle).

Avec 233 672 clients fin 2011, soit 12 069 de plus qu’un an plus tôt, SGBCI semble bien parti. Plus de 40 % des fonctionnaires y sont déjà domiciliés. Pour séduire ces derniers, mais aussi tous les salariés, la banque a augmenté son portefeuille de crédits personnels et de crédits à la consommation, avec pour ambition de franchir le cap de 100 milliards F CFA de prêts avant le premier trimestre 2013. « Les prêts personnels ont été l’objet d’une grande attention de la banque au cours des trois dernières années. Ils ont augmenté de 56,9 %, pour atteindre 80 milliards de F CFA fin 2010, relevaient il y a quelques mois dans une note de recherche les analystes de Hudson & Cie, une société de Bourse ivoirienne. SGBCI augmente ce type d’offres, car les risques sont diversifiés via le nombre de petits prêts accordés à des niveaux de marge plus élevés. » Un autre analyste de la Place confirme : « Les crédits aux particuliers sont un créneau très porteur. Les taux d’intérêts atteignent 13 % ou 14 % alors que pour les grandes entreprises ils tournent autour de 7 % à 8 %. Le recouvrement chez les particuliers est quasi assuré. »

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Dans les trois ans à venir, l’établissement consacrera 30 millions d’euros à son développement.

En effet, si SGBCI s’aventure sur les segments plus hasardeux que sont les PME et le grand public non salarié, c’est avec beaucoup de prudence. La maîtrise des risques et la rentabilité passent avant tout. En 2011, malgré la crise, l’établissement a affiché un bénéfice net de 16 milliards de F CFA, et les dirigeants prévoient pour 2012 des profits en forte hausse. Selon Hudson & Cie, en termes de rentabilité (mesurée par le ratio bénéfices/fonds propres), SGBCI figure parmi les premières valeurs bancaires africaines. « Elle a également le coefficient d’exploitation le plus bas du secteur », explique un financier qui se félicite de cette maîtrise des coûts.

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Les investisseurs de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) ne s’y sont pas trompés : SGBCI a vu son cours progresser de plus de 70 % depuis son plus-bas d’avril 2011, en pleine crise ivoirienne. Selon Hudson & Cie, le potentiel serait encore supérieur : le courtier estime que le titre pourrait atteindre 62 000 F CFA en début d’année prochaine, contre 46 000 F CFA aujourd’hui. 

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