Maroc Télécom en quête d’un nouveau souffle

L’opérateur Maroc Télécom pourrait être mis en vente par le groupe Vivendi. Face à l’érosion de ses marges dans le royaume, il doit trouver de nouvelles perspectives à l’international.

La société peut encore mobiliser entre 1 et 2 milliards d’euros pour de nouvelles acquisitions. © Jean-Luc Grzeskowiak/HOA-QUI/AFP

La société peut encore mobiliser entre 1 et 2 milliards d’euros pour de nouvelles acquisitions. © Jean-Luc Grzeskowiak/HOA-QUI/AFP

Julien_Clemencot

Publié le 24 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Fin août, Vivendi a confirmé étudier la vente d’un de ses actifs télécoms pour réduire sa dette. Un temps envisagée, la constitution au sein du groupe d’un holding regroupant l’opérateur brésilien GVT, le français SFR et Maroc Télécom a été abandonnée compte tenu du montant très élevé des créances associées. Le nom de l’entreprise cédée sera probablement connu début 2013.

Selon Taha Jaidi, analyste chez Attijari Intermédiation, « la vente de Maroc Télécom est tout à fait envisageable car l’entreprise n’offre actuellement pas assez de perspectives ». Dans le royaume, sa part de marché a fortement reculé, passant de 60,7 % fin juin 2009 à 46,5 % fin juin 2012. En outre, la société peine à y maintenir ses marges à mesure que les prix des communications baissent (- 21 % entre juin 2011 et juin 2012) sous la pression de ses concurrents, Inwi et Méditel.

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Dans un contexte de désaffection globale des investisseurs pour les opérateurs télécoms, le français Vivendi, qui détient 53 % du capital, serait sans doute obligé d’accepter une décote sur le prix de vente. « Cela ne me semble pas être rédhibitoire. Au cours des années 2000, Maroc Télécom a été une véritable vache à lait pour ses actionnaires, distribuant 100 % de ses bénéfices. Son acquisition est donc largement rentabilisée », estime Taha Jaidi.

Modeste

Principal reproche fait à l’entreprise chérifienne : son état-major s’est d’abord focalisé sur la gestion du marché marocain et son expansion en Afrique subsaharienne a été trop modeste pour offrir un réel relais de croissance. Durant ses années fastes, l’effort pour s’imposer sur le continent aurait dû être plus important. « Le groupe ne tire qu’environ 20 % [23 %, NDLR] de ses revenus de ses opérations en Mauritanie, au Gabon, au Burkina et au Mali », souligne Benoît Maynard, analyste pour la banque Natixis. Sans parler des effets de la crise malienne, qui risque à l’avenir de peser sur les profits à l’international.

« Il ne faut pas être trop sévère avec Maroc Télécom, relativise Jean-Michel Huet, spécialiste du secteur au sein du cabinet BearingPoint. Peu d’opérateurs historiques africains ont réussi à se développer hors de leurs frontières. » En outre, le marocain est candidat à l’attribution de la troisième licence de téléphonie mobile au Cameroun, attendue pour 2013 ; un succès pourrait offrir de nouvelles perspectives de croissance. Maroc Télécom souligne par ailleurs qu’entre juin 2011 et juin 2012, le chiffre d’affaires de ses filiales a augmenté de 21 %.

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Peu endettée, l’entreprise peut encore mobiliser entre 1 et 2 milliards d’euros pour de nouvelles acquisitions. Mais parviendra-t-elle à trouver la cible qui lui donnera un nouvel élan ?

Conscient de l’inévitable érosion de ses marges au Maroc, l’opérateur a pour le moment adopté une stratégie défensive en engageant en juillet un plan de départs volontaires concernant plus de 1 000 salariés. Sans doute sa direction anticipe-t-elle aussi les investissements qui devront être consentis dans le royaume dès 2013 pour l’achat d’une licence 4G (très haut débit mobile).

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Lâché par MSCI ?

Une autre déconvenue menace Maroc Télécom, cette fois-ci sur le plan boursier. En 2012, MSCI a confirmé la possible sortie du Maroc de son indice des pays émergents, une référence dans le monde de la finance. « Le risque [serait alors] de voir une grande partie des investisseurs internationaux bouder les valeurs cotées à Casablanca, dont Maroc Télécom », explique Benoît Maynard, analyste pour Natixis. Une perspective négative qui, ajoutée au contexte boursier baissier, explique peut-être pourquoi le royaume, toujours détenteur de 30 % du capital, a finalement renoncé à mettre en vente une partie de ses actions. J.C.

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