Jeu vidéo : des aliens 3D à l’assaut de Nairobi X
Après les séries télévisuelles et les bandes dessinées africaines, un jeune développeur kenyan propose le premier jeu vidéo 3D made in Africa. Avec un scénario à l’américaine…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 19 août 2015 Lecture : 2 minutes.
Des terres assaillies par des étrangers indésirables que l’on tente péniblement de contenir : non, il ne s’agit pas des côtes européennes submergées par une vague de migrants proche-orientaux ou africains. Ce sont, au contraire, des terres africaines dont il est question, et plus précisément kényanes. Quant aux envahisseurs, ils ne sont ni des néocolons, ni des Shebab. Ils viennent de bien plus loin. D’une autre planète. Dans « Nairobi X » – un jeu vidéo et non une plateforme pornographique comme son nom pourrait le laisser penser -, des extra-terrestres tentent se s’emparer d’une arme surpuissante stockée dans la coupole du Centre de conférence international Kenyatta.
C’est habituellement dans les productions américaines que l’on peut entrevoir quelques décors africains, souvent berceau du désordre de l’intrigue. Mais, cette fois, ce jeu qui évoque six heures d’abordage de Nairobi par des aliens est une production 100% africaine. L’œuvre du jeune programmeur et animateur Andrew Kaggia, 27 ans, est même le premier jeu conçu et réalisé sur le continent. Dès la cinématique, la mission du joueur est explicite : « Soldat, votre mission est simple : défendez Nairobi avant qu’il ne soit trop tard ». Il s’agit donc d’un FPS, un « first-person shooter » qui se résume à tirer sur les extra-terrestres. Peu de subtilité, peu d’originalité, mais des allures graphiques de blockbusters qui ont assuré un lancement prometteur à ce produit vidéoludique.
Incrustations commerciales
Après deux mois d’exploitation, les statistiques de fin juillet annonçaient 21 000 téléchargements de la version mobile. Conscient des risques de piratage, le studio « Black Division Games », concepteur du jeu, a eu recours à quelques incrustations commerciales, vraies-fausses publicité qui truffent déjà les budgets des productions audiovisuelles du continent. Pourvu qu’une boisson énergisante ou une marque de 4X4 ne soit pas incompatible avec l’image des héros. Après tout, qui ne connaît pas la marque du véhicule de James Bond ou celle qui constitue la base de son cocktail préféré ?…
Ambitieux, Andrew Kaggia entend simuler d’autres invasions d’aliens, des versions du jeu qui utiliseraient les décors d’autres pays africains. Il rêve également d’une école pour former les jeunes au métier de développeur.
Voilà donc que les Africains investissent le monde de la fiction ludique, et même celui de la science-fiction. De quoi permettre à la jeunesse du continent de s’identifier plus facilement à ses héros. Jusque-là, les geeks à peau noire devaient se rabattre sur quelques super-héros afro-américains, essentiellement des seconds rôles : Falcon dans Captain America, Black Panther dans un spin-off des Quatre Fantastiques, Storm dans Xmen’s, Frozone dans les Indestructibles ou encore Spawn ou Thunderball.
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