France : un maire FN privilégie un commissariat à la place d’une mosquée, la justice conteste

Des locaux qui devaient être rachetés pour être transformés en mosquée font l’objet d’une bataille juridique. Le maire FN de Mantes-la-Ville (banlieue parisienne) s’y oppose et prétend vouloir en faire un commissariat, mais son projet est contesté par le préfet du département. Vendredi, le tribunal administratif de Versailles qui a jugé le litige a rejeté la décision du maire frontiste.

Cyril Nauth, le maire de Mantes-la-Ville, le 31 mars 2014 © Fred Dufour/AFP

Cyril Nauth, le maire de Mantes-la-Ville, le 31 mars 2014 © Fred Dufour/AFP

Publié le 21 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Le maire FN a-t-il un vrai projet ou la transformation des locaux en commissariat n’est qu’un prétexte pour empêcher la construction de la mosquée ? En tout cas, le tribunal administratif de Versailles a rejeté vendredi 21 août la décision du maire FN de Mantes-la-Ville, seule municipalité FN d’Ile-de-France, suite à la contestation émise par le préfet de police du département. La veille, le préfet Erard Corbin de Mangoux avait demandé par une procédure d’urgence la suspension de la décision de la mairie FN d’acquérir les locaux de l’ancienne trésorerie municipale au nom de la municipalité.

D’un côté, l’association des musulmans de Mantes-Sud (AMMS) a réuni 600 000 euros pour racheter les locaux et y aménager une salle de prière, un projet dans les cartons depuis trois ans. De l’autre, le maire Cyril Nauth élu en 2014, dit vouloir renforcer la police municipale et lui accorder en conséquence des locaux plus adaptés pour un coût de 760 000 euros, une de ses promesses de campagne.

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Blocage juridique

Dans la justice administrative, le droit de préemption permet à une commune d’être prioritaire pour l’achat d’un bien d’intérêt général, mais le préfet soupçonne un détournement de pouvoir de la part du maire FN. « Il y a une sorte d’obsession de la majorité municipale de vouloir s’opposer à tout prix et par tous les moyens juridiques » au projet de lieu de culte, résume l’avocat de la préfecture, maître François Benech à la sortie de l’audience. Au projet de salle de prière, « dont l’intérêt public est reconnu » et « qui garantit le libre exercice du culte », il oppose un projet concurrent de commissariat « incohérent » et « sorti du chapeau ». « Un habillage », a-t-il dit à l’audience.

Le poste de police « présente un caractère d’intérêt général indiscutable », a assuré maître Olivier Mathieu, l’avocat du maire. Il a expliqué que le commissariat serait situé dans le quartier sensible des Merisiers et que l’actuel poste de police n’était « pas conforme au code du travail » à cause de le petite taille des locaux. « 9 fonctionnaires dans un pavillon de 90m2… C’est la taille de notre salle de prière actuelle qui accueille plusieurs centaines de personnes, jusqu’à 1 200 à la fin du ramadan », répond de son côté Abdelaziz El Jaouhari, le président de l’AMMS.

Positionnement idéologique

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Depuis la campagne des municipales de 2014, le projet de salle de prière agite cette banlieue populaire de Paris qui accueille une importante communauté musulmane. Soutenu par l’ex-maire socialiste, le projet est vigoureusement combattu par son successeur frontiste. Le dossier a déjà connu de multiples rebondissements depuis fin 2013. À cette époque, la municipalité PS avait décidé de racheter les lieux à la communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines (Camy) pour les revendre à l’AMMS, mais le projet a été abandonné avec l’arrivée en mars 2014 du maire FN qui a bloqué la vente, fustigeant « une opération électoraliste ». Devant l’impasse, le préfet suggère à la Camy de vendre directement le local à l’association, ce que l’agglomération autorise en mai 2015.

Le maire « est dans un positionnement idéologique », soupire le président de l’AMMS, qui redoute que le projet soit de nouveau jeté aux oubliettes, alors que le maire FN a également saisi la justice pour expulser l’association de son lieu de prière actuel, un pavillon vétuste de 90 m2 voué à la destruction.

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