Côte d’Ivoire : du grain à moudre pour Sipra
L’entrée de la SFI dans son capital permet à Sipra, le numéro un ivoirien, de lancer d’importants investissements pour profiter du développement du marché avicole régional.
Grâce à de nouvelles ressources financières et à une forte croissance, la Société ivoirienne de production animale (Sipra) se porte bien. Leader national (avec plus de 60 % de part de marché) de la vente de poulets, d’oeufs et de farines animales, l’ex-société publique enregistre chaque année une croissance de 10 % de ses ventes. En 2011, ses revenus ont atteint 30 milliards de F CFA (environ 45,7 millions d’euros). Elle a accueilli ces derniers mois deux investisseurs de choix : la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale pour le secteur privé, et le fonds de capital-investissement West Africa Emerging Markets Growth Fund, géré par l’ivoirien Phoenix Capital Partners. À la clé, plus de 2,5 milliards de F CFA pour 15 % du capital.
Quatre filiales
« Cette évolution de l’actionnariat s’inscrit dans la logique de consolidation de notre statut de groupe agroalimentaire de référence », explique Sylvain Gotta, le directeur général de Sipra, qui emploie 700 personnes. Selon la SFI, le financement permettra à l’entreprise ivoirienne de mettre en oeuvre un plan d’investissement de 22 millions d’euros. La direction veut notamment faire progresser la productivité d’au moins 20 %.
Né il y a trente-six ans mais contrôlé depuis une décennie par un groupe d’entrepreneurs ivoiriens avec pour chef de file Jean-Marie Ackah, son manager historique, Sipra possède aujourd’hui quatre filiales. Ivoire Poussins, une unité d’accouvage située dans la périphérie de Bingerville (près d’Abidjan), produit une dizaine de millions de poussins par an qui sont distribués en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Mali, au Liberia et au Bénin. La branche consacrée à la nutrition animale, Ivograin, comprend une usine d’aliments dans la zone industrielle de Yopougon. Coqivoire est l’unité de production de volaille (poulets, poules, dindes…) et d’oeufs, située à Anyama. Dernière filiale, spécialisée dans la fabrication de farines de blé pour l’alimentation et la boulangerie : Les Moulins de Côte d’Ivoire (LMCI).
Parmi les objectifs de ce plan de 22 millions d’euros : augmenter la productivité d’au moins 20 %.
À l’échelon national, Sipra achète des matières premières à plus de 20 000 cultivateurs de céréales et vend des poussins de un jour et des aliments pour volailles à plus de 2 000 éleveurs. Sa stratégie commerciale repose sur la vente directe. Plusieurs distributeurs et grossistes ont été installés sous enseigne Coqivoire, la marque la plus connue des Ivoiriens. À l’exception de la période de l’épidémie de grippe aviaire, en 2006, la société a choisi de limiter sa communication. « La meilleure publicité est la qualité de nos produits », s’enorgueillit le directeur général.
Pour se développer, Sipra veut augmenter sa production de viande de volaille, d’oeufs et de poussins de un jour, multiplier ses points de vente au détail et accroître la capacité de son usine d’aliments pour volaille. La société vise une forte croissance des ventes à l’échelle nationale et dans la sous-région, avec des produits plus compétitifs en termes de rapport qualité/prix.
En Côte d’Ivoire, comme dans nombre de pays africains, la demande est en hausse permanente. Selon l’Interprofession avicole ivoirienne (Ipravi), le volume de l’offre locale de viande de volaille est passé de 9 205 tonnes en 2005 à 23 140 t en 2010. « C’est un secteur à valeur ajoutée de 50 milliards de F CFA », explique Kobenan Kouassi Adjoumani, le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques. Au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), où le marché serait d’environ 100 milliards de F CFA, Sipra est la seule entreprise structurée. Concurrencée par les produits importés d’Europe ou d’Amérique, elle fait également face à nombre d’acteurs du secteur informel, aux techniques souvent traditionnelles et rudimentaires.
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