Selon les premiers éléments de l’enquête, le suspect, qui était transféré samedi matin vers les locaux de l’antiterrorisme en région parisienne, serait marocain et âgé de 26 ans. Il a résidé en Espagne et avait été signalé comme islamiste radical par les autorités espagnoles aux services français. Il faisait donc l’objet d’une fiche « S », ce qui ne signifie pas forcément une surveillance.
Armé d’un fusil d’assaut kalachnikov, d’un pistolet automatique, de neuf chargeurs et d’un cutter, il a ouvert le feu à au moins une reprise à 17h50 vendredi dans le train à grande vitesse Thalys 9364, peu après le passage du convoi en France.
Mais le carnage qu’il s’apprêtait apparemment à commettre a été évité par l’intervention d’un groupe d’amis américains en vacances, dont deux militaires. Les hommes, dont un a été blessé, ont été salués comme des héros par les autorités françaises et par le président Barack Obama, qui leur a exprimé sa « profonde gratitude ».
« On a entendu un coup de feu et du verre brisé, » a raconté Alex Skarlatos, 22 ans, membre de la garde nationale de l’état de l’Oregon, rentré il y a peu d’une mission en Afghanistan dans des images diffusées par des télévisions. « J’ai vu un homme entrer dans le wagon avec une kalachnikov ».
« Alex a dit à Spencer (Stone, un autre militaire américain du groupe), va le choper », a poursuivi Chris Norman, un Britannique qui voyageait dans le même wagon. « Le gars a sorti un cutter et il a tailladé Spencer à l’arrière du cou, il lui a pratiquement coupé le pouce aussi, Spencer l’a tenu et on l’a finalement maîtrisé, il était inconscient, on a fini par l’attacher ».
« Spencer a bien couru 10 mètres jusqu’au type. On s’est mis à le taper à la tête jusqu’à ce qu’il s’écroule », selon M. Skarlatos.
M. Stone, qui a été hospitalisé, « va bien », ont précisé ses amis. Une autre personne a été blessée, par balle, et le train a été dérouté sur Arras (Pas-de-Calais), où le suspect a été interpellé.
« Violence barbare »
Sur des images filmées au téléphone portable à l’intérieur du train et diffusées par des télévisions, on peut voir l’assaillant, un jeune homme mince, portant un pantalon clair et torse nu, plaqué au sol sur le ventre, les mains attachées dans le dos. Une kalachnikov est posée contre un siège et du sang est visible sur une vitre du wagon.
Si les motivations du tireur restaient inconnues, le parquet antiterroriste de Paris, dont la compétence est nationale, s’est immédiatement saisi de l’enquête.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qui s’est rendu à la gare d’Arras, s’est refusé à toute spéculation mais a dénoncé une « violence barbare » qui aurait pu déboucher sur « un drame terrible ».
Le suspect, monté dans le train à Bruxelles, résidait encore récemment en Espagne et avait décidé de déménager en France en 2014, selon le quotidien espagnol El Pais. Il a ensuite voyagé en Syrie, avant de regagner l’Hexagone, selon le journal.
Cette nouvelle attaque survient huit mois après les sanglants attentats de janvier contre le journal satirique Charlie Hebdo, accusé de blasphème contre le prophète Mahomet et un supermarché cacher.
Depuis lors, plusieurs tentatives d’attentats jihadistes ont semble-t-il été déjouées en France. Un projet d’attaque contre une église en banlieue parisienne a échoué en avril après que son auteur, Sid Ahmed Ghlam, s’est lui-même blessé avec son arme. Il était en lien avec des contacts en Syrie, tout comme Yassin Salhi, qui a décapité en juin son employeur près de Lyon et est suspecté d’avoir voulu faire exploser une usine chimique.
Trois personnes ont été arrêtés en juillet, suspectées d’avoir voulu décapiter un militaire gradé et de filmer la scène.