L’industrie minière australienne fait son trou en Afrique

Poussées par l’essor des industries extractives et soutenues par leur gouvernement, majors et juniors australiennes sont de plus en plus nombreuses à s’implanter en Afrique.

Le géant RioTinto extrait du minerai de fer à Simandou, en Guinée. © 2009 RioTinto

Le géant RioTinto extrait du minerai de fer à Simandou, en Guinée. © 2009 RioTinto

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Publié le 20 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

« L’Afrique est un formidable gisement d’opportunités pour l’Australie. » Reprise par les officiels et les miniers australiens comme par les ministres africains, la formule a fait le tour de la conférence Africa Down Under, organisée fin août à Perth. Démarré « autour d’une table » dix ans plus tôt, l’événement a cette année attiré plus de 2 300 délégués pendant trois jours, pour s’imposer, selon ses organisateurs, comme « le plus grand rendez-vous du secteur minier africain hors d’Afrique ».

Anecdotique pendant près de trente ans, la présence australienne sur le continent s’est considérablement renforcée en raison du boom minier. Depuis 2008, les compagnies ont franchi en nombre l’océan Indien pour s’intéresser de très près à un sous-sol qui, en plus de renfermer 30 % des ressources minérales identifiées au monde, présente de nombreuses similitudes géologiques avec l’Ouest australien, « pour un rapport de 1 à 200 en termes de coûts d’exploitation », précise un investisseur.

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Pas de crise

Impliquées essentiellement dans l’extraction d’or, un métal dont les cours alignent les records, les entreprises australiennes n’ont même pas été freinées par la crise financière. Selon les derniers pointages, 240 compagnies minières australiennes et autant de prestataires de services travaillent sur près de 1 000 sites d’exploration ou d’exploitation répartis dans 42 pays du continent, notamment en Namibie, en Tanzanie et au Ghana, porte d’entrée en Afrique de l’Ouest. Elles se développent actuellement très rapidement en Côte d’Ivoire, dans le sud du Mali et au Burkina. « L’Afrique accueille 40 % des projets lancés à travers le monde par nos opérateurs », a répété durant la conférence Bob Carr, le ministre australien des Affaires étrangères. Le pays a vu ses investissements miniers en Afrique – actuellement estimés entre 30 et 35 milliards d’euros par les experts – « tripler depuis 2005 », selon David Doepel, directeur de l’Africa-Australia Research Group, à Perth.

Pour les appuyer dans leur percée, les compagnies ont pu compter sur les autorités fédérales australiennes. Candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, le pays courtise assidûment depuis deux ans les membres africains. Dans le cadre du programme Mining for Development, lancé en 2001 avec plusieurs universités et doté de 160 millions d’euros, plus de 200 ingénieurs miniers de 19 pays ont été invités à des voyages d’études en Australie. Pour renforcer le réseau, Canberra vient d’annoncer sa participation au financement du futur African Minerals Development Centre, qui devrait voir le jour en Afrique du Sud.

Bénéficiant de « l’appui total de leur gouvernement », comme l’ont confirmé les représentants maliens, guinéens ou nigériens croisés lors des sessions, les compagnies peinent davantage à convaincre les financiers, « effrayés par l’instabilité politique de certains pays », reconnaît Jim Nylander, consultant de l’Australia-Africa Mining Industry Group (AAMIG). Créée en 2010, son association a justement pour but de donner un peu plus de visibilité et de moyens aux jeunes compagnies (les juniors) qui constituent le gros du bataillon minier australien en Afrique, dans l’ombre des deux géants BHP Billiton et Rio Tinto. 

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