Enquête sur le tireur du Thalys, la piste de l’islamisme radical se dessine

Le tireur du train Thalys Amsterdam-Paris, maîtrisé par des passagers dont des militaires américains, s’était rendu en Syrie et était connu des services de renseignement français et espagnols pour ses liens avec la mouvance islamiste radicale, selon les premiers éléments de l’enquête samedi.

Un enquêteur inspecte le Thalys où un homme a ouvert le feu, à Arras, le 21 août. © Phillipe Huguen/AFP

Un enquêteur inspecte le Thalys où un homme a ouvert le feu, à Arras, le 21 août. © Phillipe Huguen/AFP

Publié le 22 août 2015 Lecture : 3 minutes.

Le suspect, transféré samedi matin dans les locaux de l’antiterrorisme français près de Paris, serait un Marocain âgé de 26 ans, selon les premières investigations. L’homme, qui a blessé deux passagers dont un par balle, a nié à ce stade tout caractère terroriste à son action, sans convaincre au vu de son profil.

Si son identité se confirme, le suspect avait en effet été « signalé en février 2014 du fait de son appartenance à la mouvance islamiste radicale » par les services espagnols, a précisé le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

A la suite de ce signalement, une fiche dite « S » (pour sûreté de l’Etat), n’impliquant pas forcément une surveillance, avait été établie par les services français « afin de pouvoir le repérer dans le cadre de son éventuelle venue sur le territoire national », a indiqué le ministre. Il a précisé que l’homme avait « résidé en 2014 en Espagne puis en 2015 en Belgique », sans dire si le suspect était venu en France.

Une source des services antiterroristes espagnols a de son côté déclaré que le suspect avait bien vécu en France et s’était rendu en Syrie à partir de l’Heragone.

« Il a vécu en Espagne, à Algesiras (sud) pendant un an, jusqu’en 2014, puis a décidé de déménager en France. Une fois en France, il s’est déplacé en Syrie, avant de rentrer en France », a indiqué cette source à l’AFP.

Le 10 mai 2015, les services de renseignement français l’ont localisé à Berlin, où il a embarqué pour la Turquie, ce dont ils ont informé l’Espagne le lendemain, a indiqué une source proche de ces services.

« Blessé par balle sur son siège »

Armé d’un fusil d’assaut kalachnikov avec neuf chargeurs, d’un pistolet automatique Luger et d’un chargeur 9 mm ainsi que d’un cutter, l’homme a ouvert le feu à au moins une reprise à 15H50 GMT vendredi dans le train à grande vitesse Thalys 9364, peu après le passage du convoi en France.

Le carnage qu’il s’apprêtait apparemment à commettre a été évité par l’intervention de plusieurs passagers.

Un premier voyageur français, un homme de 26 ans travaillant aux Pays-Bas, a tenté de le désarmer en le croisant alors qu’il sortait des toilettes « porteur d’un fusil d’assaut kalachnikov en bandoulière ». Le suspect a réussi à lui échapper et « plusieurs coups de feu » sont partis, selon M. Cazeneuve, qui a précisé qu’une balle avait blessé un passager franco-américain « sur son siège ».

Le tireur a ensuite été maîtrisé par un groupe composé notamment d’Américains en vacances, dont deux militaires. Les hommes, dont l’un a été blessé au cou et à une main par l’assaillant qui avait sorti un cutter, ont été salués comme des héros.

François Hollande les recevra tous à l’Elysée « dans les prochains jours », selon la présidence française, alors que le président Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron leur ont exprimé leur « profonde gratitude ».

« On a entendu un coup de feu et du verre brisé. J’ai vu un type avec une AK (kalachnikov), » a raconté aux chaînes de télévision Alek Skarlatos, 22 ans, membre de la garde nationale de l’Etat de l’Oregon, rentré il y a peu d’une mission en Afghanistan. « Mon ami (Spencer Stone, autre militaire américain) et moi on s’est baissé et puis on s’est dit +on y va+ (…) On l’a frappé à la tête jusqu’à ce qu’il perde connaissance ».

« Abandon insupportable »

Sur des images filmées au téléphone portable et diffusées par des chaînes de télévision, on peut voir l’assaillant, un jeune homme portant un pantalon clair et torse nu, plaqué au sol sur le ventre, les mains attachées dans le dos. Une kalachnikov est posée contre un siège et du sang est visible sur une vitre du wagon.

De son côté, l’acteur français Jean-Hugues Anglade, qui se trouvait dans le train, a accusé les agents du Thalys de s’être enfermés dans la voiture motrice puis d’avoir refusé d’ouvrir aux passagers malgré leurs appels à l’aide.

La directrice de Thalys, Agnès Ogier, a, elle, indiqué que les agents de la rame où s’était déroulée l’attaque avaient alerté le conducteur, conformément au règlement, et que l’un d’eux s’était réfugié avec plusieurs passagers dans un espace s’ouvrant avec une clé spéciale.

Le parquet antiterroriste de Paris s’est saisi de l’enquête. Le parquet fédéral belge a aussi ouvert une enquête pour terrorisme, le suspect étant monté dans le train à Bruxelles.

Cette nouvelle attaque survient huit mois après les sanglants attentats de janvier contre le journal satirique Charlie Hebdo et un supermarché cacher. Depuis lors, plusieurs tentatives d’attentats jihadistes ont été déjouées en France, selon les autorités.

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