Ce que l’on sait d’Ayoub El Khazzani, l’auteur présumé de l’attaque du Thalys
Pour les enquêteurs, le Marocain Ayoub El Khazzani, l’auteur de l’attaque dans un Thalys vendredi possède un profil d’islamiste radical. Selon son avocate, le jeune homme de 25 ans est en revanche un SDF « squelettique ».
À l’heure qu’il est, Ayoub El Khazzani est toujours entendu par les enquêteurs des services anti-terroristes français. Le jeune Marocain, maîtrisé vendredi alors qu’il semblait prêt à ouvrir le feu sur les passagers dans un train Thalys entre Bruxelles et Paris, a été transféré samedi matin au siège de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret, en banlieue parisienne.
Que sait-on du tireur et de ses motivations ?
Son parcours
Originaire de Tétouan, Ayoub El Khazzani arrive avec sa famille en Espagne à 18 ans, en 2007. Le jeune Marocain, établi à Algesiras (Andalousie) s’y fait d’abord connaître pour des faits de délinquance. Vivotant de petits boulots, il est ensuite remarqué par les autorités espagnoles pour ses discours radicaux sur le jihad. Un comportement qui conduit les services espagnols à le signaler à leurs confrères français.
Ses errances en Europe
En 2014, Ayoub El Khazzani quitte l’Espagne. Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune homme vivait en Belgique. Ce qu’il aurait confirmé à son avocate lors de sa garde-à-vue, avant de lui faire part de nombreux autres voyages « en train », pendant les mois qui ont précédé son arrestation dans le Thalys.
« Sur les six derniers mois – il n’est pas remonté plus loin -, il est parti de Belgique, puis en Allemagne, puis en Autriche, d’Autriche en Allemagne et d’Allemagne il est revenu en Belgique. Et entre temps, il est passé en France et en Andorre, mais on ne sait pas trop expliquer le trajet », a raconté à la presse Me Sophie David.
« Fiché pour islamisme »
Mais selon les services de renseignements espagnols, Ayoub El Khazzani ne se serait pas contenté de voyager en Europe. L’homme serait parti de France en Syrie et serait ensuite revenu dans l’Hexagone, une version que nie l’intéressé.
Le signalement émis par les autorités espagnoles, qui a conduit les services français à ficher le jeune homme, a permis de le localiser le 10 mai dernier en Allemagne, lorsqu’il prenait un vol pour la Turquie.
Un « SDF » « paumé », selon son avocate
Le jeune Marocain conteste tous ces éléments depuis le début de sa garde-à-vue. Selon des propos rapportés par son avocate, Ayoub El Khazzani a affirmé avoir trouvé la kalachnikov dans une valise cachée dans un jardin public près de la gare de Bruxelles. Et assure avoir voulu s’en servir pour détrousser les passagers du Thalys « pour se nourrir ».
Son avocate commise d’office, Me Sophie David, a décrit un homme « squelettique », « courtois », parlant seulement arabe et espagnol, « peu instruit mais pas analphabète ». Me Sophie David a par ailleurs indiqué que son client lui avait confié vivre dans la rue en Belgique. « Il ne ressemble pas du tout aux photos qu’on diffuse dans les médias, il a entre 10 et 20 kg de moins », a-t-elle souligné.
Le père du tireur s’est également exprimé dans la presse anglaise. « C’était un bon garçon, très travailleur », a expliqué Mohamed El Khazzani au journal britannique The Telegraph depuis Algesiras. « Je n’ai aucune idée de ce qui lui est passé par la tête, je ne lui ai pas parlé depuis plus d’un an », a-t-il ajouté.
Une attaque visiblement préparée
Ces versions n’ont pas convaincu les enquêteurs. Le témoignage des jeunes Américains qui l’ont maîtrisé discréditent en effet les explications d’Ayoub El Khazzani. « Il avait beaucoup de munitions, ses idées étaient vraiment claires », a jugé Alek Skarlatos, l’un des trois Américains désormais érigé au rang de héros et décoré comme les autres, ce 24 août au matin, de la Légion d’honneur par le président français François Hollande.
La version du suspect est également mise en doute par l’arsenal d’armes retrouvé dans son sca. Les enquêteurs ont saisi neuf chargeurs garnis, un pistolet automatique Luger et un cutter, en plus du fusil d’assaut dont allait se servir le tireur. Deux téléphones retrouvés sur le jeune homme sont par ailleurs toujours en cours d’exploitation.
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