Burundi : un troisième assassinat ciblé vise cette fois un membre du parti d’Agathon Rwasa

L’ancien administrateur de la commune de Isale (province de Bujumbura) et membre du parti d’Agathon Rwasa a été exécuté dans la nuit de samedi par des hommes qui n’ont pas encore été identifiés. C’est le troisième assassinat ciblé que connaît le pays en moins d’un mois.

Au Burundi, des tirs soutenus ont été entendus dans la nuit à Bujumbura alors que reprennent les manifestations . © AFP

Au Burundi, des tirs soutenus ont été entendus dans la nuit à Bujumbura alors que reprennent les manifestations . © AFP

Publié le 24 août 2015 Lecture : 2 minutes.

Des hommes armés tirent sur leurs cibles avant de s’enfuir en voiture. Au Burundi, ce scénario est devenu courant. Pontien Barutwanayo, ancien administrateur de la commune de Isale, a été abattu par balles dans sa commune dans la nuit du samedi 22 août. Un assassinat qui survient trois semaines après l’attentat à la roquette qui a tué le général Adolphe Nshimirimana, le numéro deux du régime de Nkurunziza et moins de 10 jours après la mort du colonel Jean Bikomagu, tué par des inconnus alors qu’il rentrait à son domicile dans le quartier de Kabondo (sud).

Selon les témoignages, « ça s’est passé très vite ». L’administrateur se trouvait dans un bistro quand des individus sont arrivés en voiture et ont ouvert le feu. Ils ont aussitôt pris la fuite dans un véhicule de type jeep. Une attaque bien préparée selon les proches d’Agathon Rwasa. « Une autre équipe de malfaiteurs l’attendait devant chez lui au cas où il survivrait à l’attaque », a confié à Jeune Afrique Adolphe Banyikwa, nouvellement élu député à Bujumbura sous l’étiquette de la coalition Amizero y’Abarundi, à laquelle appartenait la victime.

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Au moment de l’attaque perpétrée vers 21h30, la victime était accompagnée de trois autres personnes. Un de ses compagnons a été grièvement blessé, mais se trouve actuellement dans un état stable.

Peu de temps après la fusillade, l’administration locale s’est saisie de l’affaire et promet de retrouver les coupables dans les plus brefs délais. « J’ai aussitôt demandé au parquet et à la police de me transmettre le rapport d’investigation dans une échéance de 48h maximum », a confié à Jeune Afrique Emmanuel Masumuko, gouverneur de la province de Bujumbura.

Pontien Barutwanayo, un homme qui prônait la réunification du parti FNL

De 2010 à avril 2015, mandaté par le parti FNL reconnu par le gouvernement, Pontien Barutwanayo était administrateur de sa commune natale où il a été exécuté. Car après les élections communales de 2010, le parti FNL d’Agathon Rwasa, opposant historique de Nkurunziza s’était scindé en deux parties. Une branche dissidente proche du pouvoir, dont Pontien Barutwanayo faisait partie, s’opposait à celle d’Agathon Rwasa.

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Mais en mars 2015, lors de la préparation des dernières élections, Pontien Barutwanayo avait fait part de sa volonté de rejoindre la coalition Amizero y’Abarubdi à laquelle la branche d’Agathon Rwasa appartenant. Cela lui avait alors coûté son poste d’administrateur qu’il occupait depuis 5 ans.

Cet enseignant, ancien directeur de Lycée bataillait depuis longtemps pour la cohésion sociale et la réunification des deux branches du parti FNL. Le matin de sa mort il avait participé à une réunion pour trouver des mesures contre les exactions commises par les Imbonerakure, la jeune milice du CNDD-FDD, le parti au pouvoir.

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Cette attaque est survenue à la veille d’un rapport d’Amnesty International (AI) dénonçant les cas de torture à la barre de fer ou à l’acide contre les opposants de Nkurunziza. Selon ce rapport intitulé « Dites-moi juste ce que je dois avouer » publié lundi 24 août, la police et le Service national de renseignement (SNR) multiplient les tortures : « Les détenus sont frappés avec des câbles électriques, matraques, barres de fer, violemment piétinés, menacés de mort ou font l’objet de simulacre d’exécution », peut-on lire dans les témoignages recueillis par AI.

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