Le spectre de la récession plane de nouveau sur l’Afrique du Sud
L’économie sud-africaine s’est contractée au deuxième trimestre 2015, à la surprise générale des analystes, qui pariaient sur une progression, faible certes, mais positive.
L’Afrique du Sud, affectée par la chute des cours des matières premières et le ralentissement chinois, a enregistré mardi un recul de – 1,3 % de son PIB au deuxième trimestre, ravivant le spectre d’une récession dans l’économie la plus industrialisée du continent. Au premier trimestre, l’économie sud-africaine a crû de 1,3 %.
« Une contraction économique pourrait avoir lieu. Il existe une myriade de facteurs avant-coureurs », a déclaré le statisticien général Pali Lehohla lors d’un point presse de présentation des chiffres du 2e trimestre.
Les experts pariaient sur une progression – faible mais positive – de 0,6 % au 2e trimestre 2015. Las, l’économie sud-africaine a été affectée par des coupures d’électricité intempestives récurrentes. Ces problèmes d’approvisionnement en électricité ont provoqué le ralentissement de l’activité dans les secteurs manufacturier (-6,3 %) et minier (-6,8 %), selon l’agence statistique Statssa.
Quand au secteur agricole (-17,4%), il est plombé par une forte sécheresse qui a particulièrement affecté ses récoltes de maïs, les plus faibles « depuis 2007 » selon le ministère de l’Agriculture. « L’agriculture est clairement le facteur déterminant de cette croissance négative au deuxième trimestre », a estimé Razia Khan de Standard Chartered, qui prédit une « probable pression (à la hausse) sur les prix des aliments ».
Décevant
L’économie sud-africaine a déjà frôlé la récession en 2014, avec une croissance de seulement 1,5 %, contre 2,2 % en 2013. Le pays enchaîne depuis 2010 des années de croissance décevantes, à un rythme plus proche de celui de l’Europe que nombre de ses voisins africains. La dernière récession remonte à 2009, dans le sillage de la crise financière mondiale.
« Les perspectives économiques restent relativement faibles », ont commenté les analystes de la banque sud-africaine Nedbank qui prévoient une croissance « probablement inférieure à 2% en 2015 » et « encore plus faible en 2016 ». En juillet, Lesetja Kganyago, le gouverneur de la banque centrale sud-africaine (SARB) avait revu les prévisions de croissance à la baisse, à 2% en 2015 et 2,1% en 2016 – des prédictions en ligne avec celles du FMI dans l’édition d’avril du World Economic Forum.
Chocs
L’Afrique du Sud, producteur de ressources minières comme le platine, utilisé dans l’automobile, subit de plein fouet la baisse des cours des matières premières et la demande mondiale insuffisante.
Le ralentissement de l’activité en Chine – premier partenaire économique de l’Afrique du Sud avec l’Union européenne (UE) – a également touché l’activité minière, les exportations de fer ayant par exemple chuté de 36,9% en mai par rapport à mai 2014.
« Le choc est arrivé bien plus vite qu’on ne le pensait. C’est une surprise, particulièrement dans le secteur manufacturier et agricole », reconnaît Peter Montalto, économiste chez Nomura, qui estime que le pays a besoin d’un « choc systémique » pour retrouver la croissance.
Plus bas historique
Ces mauvais chiffres de croissance s’ajoutent à un contexte globalement difficile pour les économies émergentes, qui a fait plonger le rand sud-africain lundi à son plus bas historique face au dollar et à l’euro. La devise sud-africaine est brièvement passée au-dessus de la barre des 14 rands pour un dollar, et au-dessus des 15 rands pour un euro. À la mi-journée hier, un dollar s’échangeait contre 14,06 rands avant de retomber à 13,33 rands au cours de l’après-midi. Un peu plus tard, à 13H00 GMT, un euro s’échangeait contre 15,61 rands, son plus bas historique depuis l’introduction de la monnaie unique européenne en 2002.
La banque centrale sud-africaine a cependant souligné qu’elle restait « déterminée à laisser les forces du marché fixer le taux de change (…) » et à ne pas intervenir sauf « en cas de développement menaçant le fonctionnement correct des marchés ou mettant en jeu la stabilité financière ».
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