Tunisie : que faire des jihadistes partis en Syrie qui souhaitent rentrer au pays ?

Dans une déclaration diffusée par le ministère des Affaires étrangères mardi 25 août, le ministre Taïeb Baccouche a affirmé que des jihadistes souhaitant rentrer en Tunisie ont contacté leurs consulats, notamment à Istanbul. Un casse-tête pour Tunis.

Un drapeau de l’Etat islamique à Rashad en Irak. © Jm Lopez/AFP

Un drapeau de l’Etat islamique à Rashad en Irak. © Jm Lopez/AFP

Publié le 27 août 2015 Lecture : 2 minutes.

« Des éléments jihadistes nous ont contactés via nos consulats et ont demandé à retourner en Tunisie », a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Taïb Baccouche, dans un message audio diffusé par son ministère le 25 août.

Les mots étaient précis, et le ministre y tenaient pour rectifier ce que les médias tunisiens avaient décrit dans un premier temps comme l’ouverture de « canaux de dialogue » avec les jihadistes tunisiens présents notamment en Syrie et en Irak. « Ce sont eux [les jihadistes] qui sont venus vers nous, ce n’est pas ce qu’on appelle un dialogue », a précisé Taïb Baccouche en donnant l’exemple du consulat d’Istanbul.

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Retour des jihadistes

Fin juillet, la Tunisie a nommé un nouveau consul à Damas après avoir rompu ses relations diplomatiques avec la Syrie en 2012. Pour Taïb Baccouche, cette décision ne signifie pas la reprise des relations diplomatiques avec Bachar Al Assad. La nomination d’Ibrahim Fouari vise préciément à surveiller de manière plus précise les flux de combattants qui quittent le pays pour rejoindre l’Etat islamique (EI) ou qui reviennent en Tunisie.

Selon un rapport publié en janvier 2015 par le Centre international pour l’étude de la radicalisation (ICSR), plus de 20 000 combattants étrangers se trouvaient en Syrie en 2014, dont 3000 Tunisiens, ce qui fait d’eux le premier contingent étranger. Ridha Sfar, ministre délégué à la Sécurité nationale avait déclaré au quotidien Attounsia le 29 janvier que plus de 500 jihadistes étaient déjà rentrés au pays après un passage par la Syrie. Il avait alors expliqué que certains étaient traduits en justice, tandis que d’autres demeuraient sous surveillance.

Flou juridique

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« Les jihadistes de retour sont généralement appréhendés à l’aéroport, mais il est difficile de les emprisonner s’il n’y a pas de preuves de leur implication dans des violences. La plupart d’entre eux sont détenus sur des bases juridiques floues », explique Habib Sayah, analyste tunisien des mouvements jihadistes. « Le ministère de l’Intérieur dit surveiller ceux qui sont en liberté, mais comment et avec quels moyens ? Là encore, la réponse est plutôt vague », ajoute-t-il.

La Tunisie avait à plusieurs reprises annoncé la mise en place d’un programme à destination des jihadistes de retour au pays, notamment pour permettre sur le long terme leur réinsertion. Mais il n’a pas encore vu le jour.

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Les autorités s’inquiètent également du retour des personnes qui se sont radicalisées en Libye. Les dernières attaques du Bardo et de Sousse qui ont fait près d’une soixantaine de morts ont été perpétrées par trois jeunes Tunisiens entraînés au maniement des armes à dans un camp près de Sabratha en Libye, non loin de la frontière tunisienne.

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