À la BRVM, Solibra roule mais n’amasse pas Bourse
Cher et peu liquide, le titre de Solibra, le premier brasseur ivoirien, ne brille guère à la BRVM. Malgré ses perspectives de croissance.
C’est le titre le plus cher de la Bourse d’Abidjan. Le cours de la Société de limonaderies et brasseries d’Afrique (Solibra, groupe Castel) tourne actuellement autour de 190 000 F CFA (environ 290 euros). Il a même atteint les 203 000 F CFA, le 14 août, lorsque Sonatel, poids lourd de la Place, s’échangeait à 115 000 F CFA. Peu accessible aux petits investisseurs, la valeur est en outre peu liquide et peu active sur le marché.
#000000; margin: 3px; float: left;" height="96" width="100" />Pourtant, les analystes sont unanimes : le titre compte parmi ceux qui offrent les plus belles perspectives de croissance à Abidjan et ne serait pas si cher par rapport à son niveau de profits. « Avec un PER [le ratio cours/bénéfice par action, NDLR] de 8,3 en 2011, Solibra fait nettement mieux que la moyenne africaine des entreprises de son secteur, qui s’établit à 12,9 », indique Hermann Boua, le directeur de la recherche de Hudson & Cie. Il conseille ainsi l’achat de l’action, tandis que ses confrères de Bici Bourse (groupe BNP Paribas) établissent leur recommandation à « conserver ».
Le numéro un ivoirien de la fabrication de bière et de sodas devrait voir ses performances financières dopées par l’embellie économique annoncée dans le pays pour les prochaines années. Après une récession de 5,9 % en 2011, la Banque africaine de développement (BAD) prévoit en effet une croissance du PIB ivoirien de 8,6 % cette année et de 5,5 % en 2013. D’après les courtiers de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), Solibra a déjà mieux résisté que les autres acteurs du secteur alimentaire à la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. « Malgré cette crise qui a fortement perturbé sa production et sa distribution, l’entreprise a bouclé l’année 2011 sur une note positive avec des volumes de ventes en hausse de 2,81 % par rapport à 2010 », écrivait Bici Bourse dans une note récente. L’année dernière, le chiffre d’affaires a ainsi atteint 120,1 milliards de F CFA (+ 3 %) pour un résultat d’exploitation en progression de 15,7 %, à 24,5 milliards de F CFA, et un résultat net de 18,8 milliards (+ 28,1 %). Au titre de son exercice 2011, la société a redistribué en mai un dividende de 16 380 F CFA par action à ses actionnaires. Pour cette année, Hudson & Cie prévoit que le chiffre d’affaires de Solibra atteindra 156,8 milliards de F CFA, ce qui représenterait une hausse de plus de 30 % sur un an.
Concurrence
Toutefois, la filiale du groupe Castel devra désormais compter avec un nouveau concurrent local : le groupe Eurofind Participation, dirigé par le Libano-Ivoirien Adham El-Khalil. Avec Les Brasseries ivoiriennes, celui-ci table, pour un investissement de 25 milliards de F CFA, sur la production de 250 000 hectolitres de bière et de sodas par an à partir de 2013. L’arrivée de ce nouvel acteur pourrait entraîner une redistribution des cartes et peser sur la part de marché de Solibra, qui dépasse aujourd’hui largement les 50 %. Mais Hudson & Cie se veut moins catégorique : « Solibra n’était en position de monopole que dans la production. Dans la distribution, le groupe partageait le marché avec des importateurs, explique Hermann Boua. L’arrivée de ce nouveau concurrent fera surtout baisser les importations des produits qui n’étaient pas fabriqués sur place. »
Nouvelle ligne
3px; border: 0px solid #000000; float: left;" height="163" width="170" />Vieux de près de soixante ans, avec quatre sites produisant plus de 1 million d’hectolitres de bière et de sodas par an, Solibra s’organise pour l’avenir. En juin dernier, le groupe a inauguré dans son usine de Bouaflé (centre-ouest du pays) une nouvelle ligne d’embouteillage. Cette unité, qui peut désormais produire 30 000 grandes bouteilles de boisson par heure et 35 000 petites bouteilles, sera le principal point de ravitaillement des régions de l’intérieur du pays. Montant de l’investissement : 10 milliards de F CFA. Et il ne s’agirait là que du premier volet d’un programme de développement de l’outil de production.
Mais malgré tous ces projets, « la valeur Solibra reste très peu demandée sur le marché », remarque un financier basé à Dakar. Depuis le début de l’année, il s’échange en moyenne trois titres par jour sur le marché. Les 20,8 % du capital qui sont cotés à la BRVM sont en effet détenus par des institutionnels, dont la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) de Côte d’Ivoire, et quelques particuliers, surtout des salariés de l’entreprise, qui en ont fait une valeur de fond de portefeuille. Inscrit à la BRVM en septembre 1998, Solibra avait alors vu son cours (118 000 F CFA à l’introduction) atteindre le plafond de 214 000 F CFA en quelques semaines. Depuis, il est progressivement redescendu pour s’établir à une moyenne de 175 000 F CFA sur les douze derniers mois.
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