Sonelgaz cherche l’étincelle

Tout au long de l’été, les coupures d’électricité se sont répétées en Algérie. En cause, un cadre législatif inadapté, mais aussi un monopole en difficulté.

Le bidonville d’Oued Smar, dans la banlieue d’Alger. © Lahcène Abib/Signatures

Le bidonville d’Oued Smar, dans la banlieue d’Alger. © Lahcène Abib/Signatures

Publié le 13 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Depuis la fin du mois de juin, aucune région d’Algérie n’a échappé aux coupures de courant intempestives. Pas même les villes du Sud, où la température dépasse souvent les 45 °C. Parfois, les opérations de délestage ont même provoqué de graves perturbations dans l’alimentation en eau potable. Notamment à Alger et à Constantine au début du mois d’août. Les commerçants eux aussi ont été lésés. Selon un bilan provisoire de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), le préjudice financier subi s’élèverait à une cinquantaine de millions d’euros.

Libéralisation manquée

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Cliquez sur l'image.Étrange constat dans un pays qui dispose pourtant de moyens importants pour éviter de tels désagréments à sa population. Pointé du doigt, le groupe Sonelgaz a reconnu son incapacité à faire face à cette crise aiguë dans l’immédiat. Selon Noureddine Boutarfa, son PDG, le recours au délestage devient obligatoire dès que la consommation atteint le niveau de 9 500 MWh. Cet été, elle a souvent dépassé les 10 000 MWh au niveau national, en raison, selon lui, de « l’utilisation massive de la climatisation ». Depuis le début de la saison, il se serait vendu plus de 500 000 climatiseurs. Est-ce la seule raison ? Il semble que non. Dans un entretien accordé au quotidien El Watan, Abdelkrim Benghanem, l’ancien patron de Sonelgaz, estime que cette crise est surtout le résultat de l’inadaptation de la loi sur l’électricité que Chakib Khelil avait fait voter en 2002, dès son arrivée au ministère de l’Énergie et des Mines. Le texte devait assurer l’ouverture du secteur de la production aux opérateurs étrangers. Mais seule la centrale de Hadjret Ennous a été réalisée dans ce cadre, avec le groupe émirati Mubadala. « Je vois mal un étranger venir investir dans une centrale électrique et vendre ensuite de l’énergie avec des tarifs bloqués par l’État », a souligné à ce titre Abdelkrim Benghanem.

Saucissonnage

La loi a également provoqué le « saucissonnage » de Sonelgaz en une multitude de filiales spécialisées dans différents corps de métier : production, transport et distribution. Un système de gestion qui a eu pour effets de paralyser les centres de décision et de diluer les responsabilités. Le blocage se fait notamment ressentir sur le plan financier. En bout de chaîne, la distribution est souvent confrontée à de graves problèmes de recouvrement. Aujourd’hui, priorité est donnée à l’augmentation des capacités de production. Un programme d’urgence de 20 milliards d’euros – financé en totalité par l’État – a été récemment lancé pour la réalisation de nouvelles centrales. L’objectif est d’atteindre une capacité de 24 000 MW à l’horizon 2017. Mais cette stratégie pose déjà question, en particulier dans le sud du pays, où est prévue l’acquisition de vingt centrales électriques diesels. Au lieu de donner la priorité au développement de l’énergie solaire, Sonelgaz y produira de l’électricité avec du gasoil importé, payé en devises fortes. 

Le charbon, une solution à creuser

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Du charbon pour produire de l’électricité ? Cela peut paraître insolite dans un pays où la totalité des centrales est alimentée en gaz naturel. Cette option semble toutefois être prise au sérieux par les pouvoirs publics. L’Algérie dispose toujours de charbon dans le bassin de Kenadsa, localité proche de Béchar, au sud-ouest d’Alger. La production avait été arrêtée en 1962. « Revenir à l’exploitation du charbon est parfaitement possible, mais nous n’avons pas d’idée précise sur le potentiel de ce gisement, car la Régie des charbonnages de Colomb-Béchar n’a laissé aucune archive. Nous devons donc réaliser de nouvelles études pour déterminer les capacités du bassin de Kenadsa et même engager des travaux de prospection dans d’autres régions pour assurer une production suffisante à moyen et à long terme », assure un ingénieur de l’Office national de recherche géologique et minière. T.H.

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