Étude McKinsey : 122 millions de nouveaux travailleurs en Afrique d’ici à 2020
Dans un rapport publié aujourd’hui, le McKinsey Global Institute estime que les économies africaines doivent s’orienter vers des secteurs créateurs d’emplois comme l’agriculture. 1 300 dirigeants d’entreprises dans cinq pays ont été interrogés.
Aujourd’hui, l’Afrique devrait compter 122 millions de travailleurs supplémentaires entre 2010 et 2020, plus que toute autre région du monde, estime le McKinsey Global Institute (MGI) dans un rapport rendu public aujourd’hui*. Selon l’institut de recherche économique, qui a marqué il y a quelques années la scène économique africaine en publiant “Lions on the move: The progress and potential of African economies”, « l’Afrique est confronté au défi de créer suffisamment d’emplois pour absorber cette main-d’œuvre croissante ».
Une population active de 500 millions de personnes
Les auteurs du rapport estiment que, en se concentrant sur des secteurs intensifs en main d’oeuvre et disposant d’un avantage comparatif, comme l’agriculture, quelques industries, la vente de détail et l’hôtellerie, le continent pourrait augmenter le nombre de nouveaux emplois stables rémunérés de 54 millions (en suivant la tendance actuelle de création d’emplois) à 72 millions d’ici 2020. MGI constate que des pays comme la Thaïlande, la Corée du Sud et le Brésil ont créé des emplois stables à un rythme deux ou trois fois supérieur à celui de l’Afrique aujourd’hui, alors que leurs économies étaient à des niveaux de développement similaires.
L’institut constate que, si le taux de chômage officiel en Afrique n’est que de 9%, seuls 28% de la population active dispose d’un emploi salarié
« En 2020, la population active du continent s’élèvera à 500 millions de personnes et le nombre d’enfants et de personnes à la retraite que chaque travailleur prendra en charge passera du plus haut niveau dans le monde aujourd’hui à un niveau comparable à celui des États-Unis et de l’Europe en 2035 », souligne également MGI dans un communiqué de presse. L’institut constate que, si le taux de chômage officiel en Afrique n’est que de 9%, seuls 28% de la population active dispose d’un emploi salarié. En raison de la quasi-absence de protection sociale, la plupart des adultes se tournent vers l’agriculture de subsistance et l’auto-emploi informel pour améliorer leur niveau de vie, une situation très précaire.
Incertitudes multiples
Afin de mieux comprendre les obstacles à l’emploi, McKinsey a interrogé plus de 1300 dirigeants d’entreprises dans cinq pays (Égypte, Kenya, Nigeria, Sénégal et Afrique du Sud). Les résultats fournissent des informations qualitatives sur les principaux obstacles qui limitent la croissance du secteur privé : 55% des personnes interrogées citent les conditions et l’incertitude macro-économiques, alors que 40% évoquent l’instabilité politique potentielle. Le troisième obstacle le plus souvent cité pour la croissance est l’accès au financement, suivi par les carences des infrastructures, notamment l’électricité et le transport. Dans une moindre mesure, certaines grandes entreprises notent que les candidats peuvent manquer de compétences techniques ou professionnelles et les plus petites entreprises ont indiqué que les candidats ne sont pas immédiatement « employables ».
L’étude précise que si le « secteur des ressources naturelles (mines, pétrole et gaz) apporte une contribution essentielle au PIB africain, aux recettes publiques et aux recettes d’exportation, il emploie moins de 1% de la population active de l’Afrique. »
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*Africa at work: Job creation and inclusive growth
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