L’islam et internet font-ils bon ménage ?

En fustigeant Facebook en plein appel à la prière, le muezzin égyptien Mahmoud al-Moghazi a soulevé une polémique dont il se serait bien passé…

« La prière c’est mieux que Facebook », aurait psalmodié le muezzin égyptien Mahmoud al-Moghazi. © Gelez / J.A.

« La prière c’est mieux que Facebook », aurait psalmodié le muezzin égyptien Mahmoud al-Moghazi. © Gelez / J.A.

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Publié le 2 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

À moins que l’on sorte juste de boîte de nuit, il faut être drogué aux réseaux sociaux pour y naviguer dès l’aube. C’est pourtant aux adeptes de Facebook que le muezzin égyptien Mahmoud al-Moghazi se serait adressé, à cinq heures du matin, lors d’un appel aux fidèles. Ce samedi 29 août, au lieu de la formule traditionnelle « La prière c’est mieux que le sommeil » qui invite les musulmans à prier, il aurait psalmodié, selon des riverains, « la prière c’est mieux que Facebook ». Ces derniers, résidents de la province de Beheira, se sont d’ailleurs officiellement plaints au ministère des Biens Religieux.

Le muezzin a été suspendu de ses fonctions, en attendant que l’affaire soit déférée au parquet. Alors qu’il pourrait être poursuivi pour « transgression des instructions », le religieux est intervenu sur le plateau d’une télévision privée pour dénoncer une machination des Frères musulmans. Ceux-ci lui en voudraient d’interdire certaines activités de la confrérie de l’ancien président islamiste Mohamed Morsi, comme des regroupements dans la mosquée ou certains cours de religion. Sans doute bien entraîné par le récent jeun, le muezzin aurait entamé une grève de la faim. Toute l’affaire pourrait donc n’être qu’une vengeance et la condamnation de Facebook qu’un prétexte pour s’en prendre à son auteur.

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Internet signe de la fin des temps ?

Le sujet est délicat et pas exempt de contradictions. Qu’on en juge : l’imam de la mosquée de Brest (en France), Rachid Abou Houdeyfa, qualifie par exemple internet et le téléphone de « signes de la fin des temps », mais… c’est sur le web (où il est devenue une star) qu’il le fait, via une vidéo Youtube à grands renforts d’images hollywoodiennes de fin du monde. Ces dernières années, le réseau des réseaux est d’ailleurs devenu une sorte de béquille du jeune croyant, dans sa formation religieuse ou, du moins, dans l’organisation quotidienne de l’expression de sa foi.

Le site « Fleurs d’Islam », par exemple, propose à ceux qui n’ont pas de muezzin à proximité de l’oreille un module interactif d’identification des horaires des prières, par calculs astronomiques, par mois et par zone géographique. Si vous souhaitez savoir comment faire les prières Salah, Fajr, Dhuhr, Asr, Maghrib et Isha, le profil « Salamu ‘alaykoum wa rahmatoullah wa barakatouh » met en ligne, sur les sites de partage de vidéos, des tutoriels de la même veine que ceux qui enseignent les nœuds de cravates.

Vers le cyber-confessionnal

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Sur ce point, les musulmans ne sont pas en retard sur les chrétiens. Bien sûr, dès 2007, un site web interactif proposait aux internautes catholiques de confesser leurs péchés en ligne. Mais rapidement, le Vatican précisait qu’il ne s’agissait aucunement d’un véritable cyber-confessionnal. En 2001, un communiqué de monseigneur Foley, président du Conseil pontifical pour les communications sociales, soulignait qu’aucune confession « online » – pas plus sur internet qu’au téléphone – ne pouvait avoir une valeur sacramentelle.

Le sacrement de la réconciliation et de la pénitence doit donc encore être accordé « en live », pas « online », après aveux dans l’oreille du prêtre, pas dans sa boîte mail. Internet permet tout de même au site cyber curé de le préciser à ce public connecté que les prêtres ne croisent peut-être plus très souvent dans les églises…

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