Algérie : l’arrestation du général Hassan, un coup dur pour les services de renseignements
Le général Hassan, ancien chef des services de renseignements, a été arrêté le 27 août. Dans un contexte politico-sécuritaire changeant, ce nouveau rebondissement semble confirmer la perte de vitesse des services de renseignements.
De son vrai nom Abdelkader Aït-Ouarab, le général Hassan est un ancien des services de sécurité. Aujourd’hui à la retraite, il était jusqu’à fin 2013 à la tête d’une unité d’élite, le service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat), qui a notamment mené l’assaut lors de l’attaque de Tiguentourine en janvier 2013.
Fin août, il a été arrêté et transféré à la prison militaire de Blida pour de nombreux faits qui lui sont reprochés : insubordination, création d’une organisation armée, rétention d’informations, détention d’armes à feu, selon le journal El Watan.
Un DRS en déclin
Son avocat, Abdelmadjid Sellini, dénonce une détention arbitraire, étant donné que son client a fait l’objet d’un mandat d’arrêt avant d’être entendu et qu’il n’a pas encore pu s’entretenir avec lui depuis son arrestation. Il affirme que le général à la retraite n’est pas coupable des faits qu’ils lui sont reprochés et que les autorités étaient au courant qu’il avait récupéré de nombreuses armes dans le cadre d’une opération antiterroriste, a expliqué son avocat au site d’information TSA. Toutefois, sa détention est de mauvaise augure pour la Direction des services de renseignements (DRS) et témoigne de la perte de vitesse de ce qui a longtemps été un maillon puissant de la chaîne de commande algérienne, jugent les analystes.
Son arrestation n’est pas sans rappeler les derniers événements qui ont secoué le pays. D’abord « l’affaire Zéralda », du 16 juillet, puis la purge à la tête de plusieurs services de sécurité opérée par le président Abdelaziz Bouteflika. À cela, s’ajoute enfin la perte de plusieurs prérogatives pour le DRS cette dernière année.
L’affaire qui entoure le palais présidentiel de Zéralda est entourée de zones d’ombres. Tentatives d’attaque contre Bouteflika ? Son frère Saïd ou coup d’État avorté ? Les hypothèses vont bon train en l’absence de toute communication, mais une chose est sûre, les répercussions ne se sont pas fait attendre.
Au lendemain de l’attaque, les sanctions tombent et trois chefs militaires sont limogés : le général-major Ali Bendaoud, responsable de la Direction de la sécurité intérieure et du contre-espionnage, le général Ahmed Moulay, chef de la Garde républicaine et le général Djamel Kehal Madjoub, responsable de la protection présidentielle.
Bénéfices pour l’état-major
Un décret est également signé par le président pour confier la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP) à la Garde républicaine au lieu du DRS. En une année, les renseignements auront perdu le pouvoir de police judiciaire – qui permettait d’enquêter sur les affaires de corruption -, la sécurité de l’armée, de la présidence et un pôle communication.
La presse nationale a également informé de la dissolution du Groupe d’intervention spéciale (GIS) (non confirmée officiellement), d’une unité clé du DRS avait été créée dans les années 1980 et de la direction des écoutes. La Scorat, l’ancienne unité d’élite autrefois dirigée par le général Hassan, qui avait hérité du surnom de « Monsieur antiterrorisme » est, quant à elle, passée sous la coupe de l’état-major.
Il s’agit donc d’une prise en main forte de la présidence, qui bénéficie directement à Ahmed Gaïd Salah, chef de l’état-major depuis 2004, fervent défenseur du 4e mandat de Bouteflika – et surtout à la Garde républicaine au sein de l’armée. Si les rapports de forces entre les pôles du pouvoir engendrent de multiples frictions, certains analystes s’inquiètent des retombées que pourrait provoquer un tel affaiblissement – sans doute sur les performances même des services dans un contexte régional sous tension.
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