Mali : le Gatia, une épine dans le pied d’IBK

Mis sur pied par les autorités maliennes pour combattre les rebelles de la CMA, le Gatia constitue aujourd’hui un des principaux obstacles au retour de la paix dans le Nord. Au grand dam d’Ibrahim Boubacar Keïta, visiblement.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 7 juin 2015 à Rome. © Gregorio Borgia/AP/SIPA

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 7 juin 2015 à Rome. © Gregorio Borgia/AP/SIPA

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Publié le 3 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

En déplacement à Niamey, au Niger, pour obtenir l’appui de son homologue Mahamadou Issoufou dans l’application de l’accord de paix au Mali, Ibrahim Boubacar Keïta a lâché une phrase qui n’est pas passée inaperçue, mercredi 2 septembre. Évoquant l’occupation, depuis la mi-août, de la ville d’Anéfis par les miliciens pro-gouvernementaux du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), le président malien a affirmé, laissant entrevoir un certain agacement, que « ceux qui ont indûment occupé Anéfis pendant la procédure d’accord de paix ont été priés d’évacuer la ville sans condition et cela sera ».

En s’exprimant de la sorte, IBK reconnaît indirectement, pour la première fois, des liens avec le Gatia. Un changement d’attitude amorcé cinq jours plus tôt, cette fois à Bamako. Le chef de l’État avait alors reçu une délégation des groupes armés loyalistes composant la Plateforme, dont des représentants du Gatia, en audience au palais de Koulouba. Ces derniers étaient ressorti en expliquant que le président leur avait ordonné de quitter Anéfis, laissant entendre, là-aussi, un lien hiérarchique que les autorités maliennes se bornaient jusqu’à alors à démentir.

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Accusé par la communauté internationale de saper le processus de paix au Mali, le Gatia a été lancé dans les semaines qui ont suivi la déroute de l’armée malienne en mai 2014, à Kidal. Après avoir perdu pied dans le Nord, le gouvernement avait commencé à s’appuyer sur des milices loyalistes pour reprendre du terrain. Le général imghad El Hadj Ag Gamou, figure touarègue de l’armée malienne, avait notamment été chargé de mettre sur pied le Gatia pour combattre les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), dirigée par ses ennemis jurés : les Ifoghas.

« Il a toujours éludé la question »

Sur fond de vieilles tensions claniques, cette puissante milice pro-Bamako, officiellement dirigée par Fahad Ag Almahmoud, bras droit du général Gamou, ne cesse depuis d’essayer de prendre le dessus sur la CMA. Les diplomates occidentaux, ainsi que les responsables de l’ONU, se sont rapidement indignés de ces méthodes menaçant le processus de paix. « Je m’en suis plusieurs fois entretenu avec IBK, lui signifiant à chaque fois qu’il fallait tenir les hommes du Gatia pour ne pas compromettre la signature d’un accord de paix. Il a toujours éludé la question », nous confiait, en mars dernier, un de ces diplomates.

Sous pression internationale, les négociations de paix ont finalement abouti à la signature, le 20 juin, de l’accord d’Alger par les rebelles de la CMA. De son côté, le Gatia constitue toujours un obstacle au retour de la paix dans le septentrion malien, comme l’a montré sa récente violation du cessez-le-feu à Anéfis. Une situation gênante pour les autorités maliennes, qui l’avaient lancé à la reconquête du Nord il y a peu plus d’un an. Selon un de leurs confidents, IBK et son Premier ministre, Modibo Keïta, jurent désormais « qu’ils ne contrôlent pas (plus ? NDLR) » la milice imghad et qu’ils désapprouvent ses attaques contre la CMA. Reste maintenant à voir si les combattants du Gatia se plieront aux ordres et quitteront Anéfis dans les jours à venir.

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