L’Afrique, le prochain vieux continent ?
Continent jeune aujourd’hui, l’Afrique comptera 215 millions de personnes âgées en 2050 selon un rapport de l’Ined. De quoi s’inquiéter alors que la grande majorité des Africains ne disposeront pas de pensions de retraite.
L’institut national de la démographie (Ined) publie aujourd’hui (23 août) un rapport sur le vieillissement du continent africain intitulé « L’Afrique, un continent jeune face au défi du vieillissement ». L’institut français estime que, dans les quarante prochaines années, la proportion des 60 ans et plus devrait doubler dans de nombreux pays africains si la fécondité continue de baisser au rythme actuel. Elle s’échelonnerait alors de moins de 5 % (Zambie, Niger) à près de 30 % (Tunisie, Maurice). Ce vieillissement démographique devrait se produire à une vitesse beaucoup plus rapide que cela n’a été le cas dans les pays développés. En effet, le nombre absolu de personnes âgées devrait quadrupler en Afrique entre 2010 et 2050, passant de 56 à 215 millions, soit presque le même nombre qu’en Europe (241 millions). L’Afrique compterait alors 22,5 millions de personnes de 80 ans et plus, soit cinq fois plus qu’aujourd’hui.
Pas de repos pour les anciens
Hommes et femmes continuent donc à exercer une activité jusqu’à un âge avancé, tant que leur état de santé l’autorise
Quelles seraient les conditions de vie des personnes âgées demain en Afrique si la prise en charge de la vieillesse restait organisée sur les bases qui la fondent aujourd’hui ? Pour la grande majorité des Africains, il n’y a pour l’instant pas de retraite au sens où on l’entend pour les pays du Nord. Les pensions de retraite sont limitées dans beaucoup de pays aux fonctionnaires et aux employés des grandes entreprises privées et les pensionnés ne représentent généralement qu’une faible part de la population âgée. Hommes et femmes continuent donc fréquemment à exercer une activité jusqu’à un âge avancé, généralement tant que leur état de santé l’autorise. Au Sénégal, plus d’un tiers des personnes âgées continue à occuper un emploi. Au Congo (Brazzaville), plus de la moitié d’entre elles déclare exercer une activité professionnelle.
Investissement social
En matière de santé, la grande majorité des personnes âgées ne dispose pas de couverture sociale. Or les besoins en matière de santé augmentent aux grands âges. Ainsi, au Sénégal, 70 % des personnes âgées ne bénéficient d’aucune couverture sociale. Par exemple, dans le domaine de la santé, le « Régime d’Assistance Médicale » en cours de mise en place au Maroc, ou le « Plan Sésame » lancé en 2006 au Sénégal, devraient tous deux alléger la charge financière de la santé pour les personnes âgées. Le rapport enjoint les gouvernements africains à considérer le développement des systèmes de protection sociale comme un investissement social et non pas seulement comme un coût.
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