Égypte : le combat de Mariam Malak, une lycéenne devenue icône de la lutte contre la corruption
Une brillante lycéenne est devenue depuis juillet une icône de la lutte contre la corruption en Égypte, menant un combat acharné pour prouver que ses copies du bac ont été échangées contre celles d’un enfant d’un haut responsable. Une affaire qui fait le tour des médias et alimente le buzz sur les réseaux sociaux.
Fille d’instituteur d’un village pauvre de la province de Minya (sud du Caire), Mariam Malak dénonce depuis juillet une « falsification » de ses résultats qui lui a valu un zéro à toutes ses épreuves du baccalauréat. Cette élève prometteuse, qui rêve de devenir médecin comme ses deux frères, avait obtenu une note globale de plus de 97 sur 100 aux examens des deux précédentes années de lycée…
« Quand on m’a montré mes soi-disant copies, je n’en ai pas cru mes yeux, il n’y a que quelques lignes alors que je n’avais pas arrêté d’écrire durant l’épreuve », a déclaré à l’AFP la jeune fille de 19 ans. Dans un pays miné par la corruption jusqu’au sommet de l’Etat où le ministre de l’Agriculture vient d’être arrêté pour une vaste affaire de pots-de-vin, elle n’a pas eu beaucoup de mal à se faire entendre au sein de la population. Son combat, son visage, à la fois grave et enfantin, ses larmes sur un plateau de télévision, font florès sur les réseaux sociaux.
Depuis que cette affaire a commencé, j’ai l’impression de vivre un cauchemar. Mais je ne vais pas baisser les bras
Sa détermination contraste avec sa frêle silhouette. « Depuis que cette affaire a commencé, j’ai l’impression de vivre un cauchemar. Mais je ne vais pas baisser les bras », lâche Mariam.
Ses avocats pensent que ses copies ont été troquées contre celles de l’enfant de quelqu’un d’important. Une thèse crédible dans un pays où les examens sont marqués par des scandales au sein d’un système d’éducation où la corruption favorise la progéniture des grandes familles. « Une personnalité influente est derrière toute cette affaire », a déclaré à l’AFP, Nabil Halim un des avocats de la lycéenne.
Depuis l’annonce de ses résultats en mi-juillet, la lycéenne ne fléchit pas. Elle avait porté plainte auprès du ministère de l’Éducation, puis devant le parquet lorsque le ministère a rejeté sa plainte. Des experts en graphologie à Assiout, dans le sud, ont été chargés de comparer son écriture à celle de ses prétendues copies. Leur rapport les a jugées identiques et l’affaire a été classée.
Parcours du combattant
L’acharnement de la lycéenne a porté ses fruits. Sur les réseaux sociaux, les messages de solidarité se sont multipliés, avec le hashtag #je_crois_Mariam_Malak. Sur les plateaux de télévision, « la lycéenne au zéro », comme l’ont surnommée les médias, raconte inlassablement son parcours du combattant.
Le tapage médiatique a obligé les autorités à se pencher sur le cas Mariam. Début septembre, le Premier ministre Ibrahim Mahlab a reçu la lycéenne puis annoncé qu’il la « soutenait dans sa plainte comme si c’était sa fille ». Ses services ont aussi précisé qu’il étudiait de près des plaintes similaires.
« Si on respecte mes droits dans mon pays, tous ceux qui vivent dans l’injustice sauront qu’eux aussi peuvent faire valoir les leurs », a-t-elle soufflé.
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