Qui était Hamida Djandoubi, le dernier condamné à mort exécuté en France, le 10 septembre 1977 ?

Il y a 38 ans jour pour jour, le Tunisien Hamida Djandoubi était guillotiné à Marseille. Retour sur l’histoire du dernier condamné à mort exécuté en France.

Hamida Djandoubi, 28 ans, arrivant, menotté, à son procès. © Gérard Fouet/AFP

Hamida Djandoubi, 28 ans, arrivant, menotté, à son procès. © Gérard Fouet/AFP

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Publié le 10 septembre 2015 Lecture : 3 minutes.

Peu se souviennent de son nom. Pourtant, Hamida Djandoubi est le dernier condamné à mort exécuté en France et en Europe occidentale. Ce jour-là, le 10 septembre 1977 à 4h40 du matin, ce Tunisien de 28 ans était guillotiné, après avoir fumé sa dernière cigarette, sur un pied, parce que les gardiens lui avaient retiré la prothèse qu’il portait depuis un accident d’usine, six ans plus tôt.

Condamné le 25 février 1977 pour le viol, la torture et l’assassinat d’Elisabeth Bousquet, 21 ans, Hamida Djandoubi n’aura attendu que cinq mois en prison avant de poser la tête sur le billot. Quatre ans plus tard, la peine de mort était abolie en France.

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Qui était Hamida Djandoubi ?

Né en 1949, débarqué à Marseille en 1968, Hamida Djandoubi n’avait auparavant jamais quitté sa Tunisie natale. Lorsqu’il arrive en France, celle-ci est en pleine effervescence soixante-huitarde. Il y trouve rapidement un emploi de manutentionnaire, qui lui permet de s’intégrer socialement. Mais, trois ans plus tard, un accident à l’usine le prive de sa jambe, prise dans la chenille d’un tracteur.

C’est à cette époque, alors qu’il est hospitalisé, qu’il fait la connaissance d’Élisabeth Bousquet, âgée de dix-huit ans, qui devient sa compagne. Amputé, Hamida Djandoubi est brisé. Ses proches le décrivent comme de plus en plus cruel et agressif, atteint dans sa virilité. Avec les femmes notamment, le Tunisien ne tarde pas à devenir une brute et embrasse une activité de proxénète.

Pourquoi a-t-il été condamné ?

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Un soir de 1973, Hamida Djandoubi contraint notamment Élisabeth Bousquet à avoir des relations sexuelles tarifées avec huit autres hommes. La jeune femme porte alors plainte pour proxénétisme. Le début de la descente aux enfers. Après avoir été convoqué au commissariat de police et condamné à plusieurs mois de prison, Djandoubi jure en effet de se venger. Ce qu’il fera.

Alors qu’il vit désormais avec deux autres jeunes filles, Annie et Amaria, auxquelles il impose la prostitution, il finit par enlever Élisabeth Bousquet. Amenée chez lui, dans la nuit du 3 au 4 juillet 1974, elle y subit alors une longue séance de torture, à coups de bâton et de ceinture notamment. Puis il la viole avant de lui brûler les seins et le sexe avec le bout incandescent de sa cigarette.

Djandoubi est un unijambiste qui, quelle que soit l’horreur de ses crimes, présente tous les signes d’un déséquilibré, dira Robert Badinter

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L’agonie de la malheureuse n’en finit pas et il la transporte finalement, nue et sans connaissance, à une quarantaine de kilomètres de Marseille, dans son cabanon de pierres, où il l’achève en l’étranglant, sous le regard d’Annie et Amaria. Le corps sera retrouvé par des enfants quelques jours plus tard.

Grâce présidentielle rejetée

Dénoncé par l’une des deux adolescentes qu’il martyrisait et arrêté après quelques mois de cavale, Hamida Djandoubi reconnaît les faits et accepte de collaborer avec les autorités, notamment lors d’une reconstitution, espérant ainsi obtenir la clémence. Il faut dire que la France se passionne pour son cas. Certains journaux n’hésitent pas à le comparer à Hitler alors qu’une partie de la classe politique réclame l’abolition de la peine capitale.

Robert Badinter, qui portera quatre ans plus tard la loi abrogeant la peine de mort en France, voit ainsi en lui un « unijambiste […] qui, quelle que soit l’horreur de ses crimes, [présente] tous les signes d’un déséquilibré ». Mais le procureur général parle quant à lui d’« une âme démoniaque » et, dans une analyse qui pèsera lourd dans le jugement, les experts psychiatres estiment qu’il a « une intelligence supérieure à la normale mais [constitue] un colossal danger social ».

Ses avocats, Émile Pollak et Jean Goudareau, ne peuvent dès lors lui éviter la condamnation à mort, le 25 février 1977, par la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, pour « assassinat après tortures et barbarie, viol et violences avec préméditation ». Le 9 septembre, la demande de grâce présidentielle est rejetée et la date de l’exécution fixée au lendemain à 4 heures 15. Le 10 septembre, à 4 heures 40, Hamida Djandoubi est guillotiné dans la cour de la prison des Baumettes par l’exécuteur Marcel Chevalier, dernier bourreau de France.

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