Au Maroc, la SNI accélère son évolution en fonds d’investissement
Exit les fonctions opérationnelles. Désormais, le holding royal se voit en fonds d’investissement, un point c’est tout. Un nouveau plan de réorganisation devrait être validé dans les prochaines semaines.
La réunion a eu lieu fin janvier. Y étaient présents Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi Mohammed VI, Hassan Ouriagli, nouveau PDG de la Société nationale d’investissement (SNI), et Abdelmajid Tazlaoui, un proche des deux hommes. Au menu, la nouvelle étape de l’évolution du holding royal, véritable poids lourd de l’économie marocaine avec des participations dans des géants comme le numéro un de la banque, Attijariwafa Bank, le numéro trois des télécoms, Inwi, le leader de la grande distribution, Marjane, et le groupe panafricain de distribution automobile et de matériels Optorg.
« Désormais, la SNI fonctionnera comme une banque d’affaires, une structure d’investissement du type family office », explique Abdelmajid Tazlaoui.
« Désormais, la SNI fonctionnera comme une banque d’affaires, une structure d’investissement du type family office », explique Abdelmajid Tazlaoui, qui dirige depuis de longues années une autre participation du holding, le groupe d’immobilier et de tourisme Onapar.
Fini l’opérationnel : les effectifs de la SNI, qui étaient de 160 personnes juste après la fusion avec l’Omnium nord-africain (ONA), en 2010, et seraient tombés aujourd’hui au-dessous de 80, devraient continuer de fondre pour atteindre une petite trentaine de personnes. Exit les fonctions supports dédiées aux filiales : les postes seront occupés par des directeurs d’investissement et des analystes chargés d’évaluer les dossiers et de suivre les participations.
Profil bas
La nouvelle organisation sera présentée lors d’un conseil qui se tiendra en mars. Certes, l’objectif n’est pas totalement nouveau. Depuis la fusion avec l’ONA, il a été répété publiquement à de maintes reprises. Certains affirment même – mais difficile de savoir si c’est exact – qu’il était dans les têtes depuis 2001. Sortir des secteurs matures, lâcher tout contrôle opérationnel, passer en position d’actionnaire minoritaire… En d’autres termes, faire profil bas.
En cinq ans, quelques grands dossiers non négligeables ont été réglés. Outre la fusion, la SNI a cédé ses parts dans les grandes industries agroalimentaires : l’huilier Lesieur Cristal, désormais contrôlé par le français Sofiprotéol ; le sucrier Cosumar, vendu au singapourien Wilmar ; Centrale laitière, repris par Danone, déjà partenaire de l’entreprise. Des participations « sensibles », car évoluant dans des secteurs subventionnés et confortant l’image de « prédation économique » associée de longue date au holding royal.
Ces cessions achevées, l’étape suivante peut être enclenchée, estiment les proches de Mounir Majidi. Notamment cette transformation en véritable fonds d’investissement. « C’est pour cela que Hassan Ouriagli a été nommé à la tête de la SNI en septembre, explique Abdelmajid Tazlaoui. Il a un véritable profil de patron de banque d’affaires, qu’on a vu à l’oeuvre dans les années 2000 lorsqu’il était directeur financier de l’ONA. Son passage à Optorg avait un objectif : le familiariser avec le métier de dirigeant opérationnel, lui faire tâter un peu le terrain. »
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JA2822" title="Cliquez sur l'image." class="caption" style="margin: 4px; border: 0px solid #000000; float: left;" />Côté marocain, la SNI ne prévoit pas pour l’instant de se développer dans de nouveaux secteurs, au contraire. La Sotherma, une société active sur le marché de l’eau en bouteille, sera vendue.
Annoncé depuis 2010, mais retardé, le désengagement partiel du capital d’Attijariwafa Bank, toujours détenu à hauteur de 48 %, est à nouveau sur les rails. En janvier, deux banques d’affaires, Goldman Sachs et Rothschild, ont été mandatées pour finaliser cette opération, qui ferait passer la SNI sous la barre des 30 %, avant la fin de l’année. Les sommes en jeu – autour de 900 millions d’euros, pour une participation minoritaire – compliquent la tâche mais serviront en tout cas à désendetter totalement la SNI. « La dette était de 28 milliards de dirhams en 2010. En octobre 2014, elle était encore de 17 milliards. Désormais, elle est tombée à 10 milliards de dirhams [environ 920 millions d’euros] », avance Abdelmajid Tazlaoui.
Nouveaux métiers
La SNI conserverait cinq grands pôles d’investissement dans lesquels elle serait minoritaire mais influente, via ses administrateurs : finance, énergie-mines, distribution, télécoms et immobilier-tourisme. L’objectif commun du holding royal et de ces pôles ? L’Afrique. Attijariwafa Bank y est déjà largement développée, et Wafa Assurance réaffirme sa volonté de suivre son aînée dans tous les pays où elle est. Marjane travaille à des développements au Sénégal, en Tunisie et en Côte d’Ivoire. Inwi regarderait également quelques dossiers.
C’est aussi sur le continent, hors Maroc, que la SNI pourrait développer de nouveaux métiers : « La sécurité alimentaire, la santé, l’éducation nous intéressent », lâche Abdelmajid Tazlaoui, ajoutant que la SNI nouvelle formule pourrait réfléchir à des investissements dans des entreprises subsahariennes. Avec l’idée de détenir un jour 50 % d’investissements en Afrique (hors Maroc)… Depuis sa nomination, Hassan Ouriagli analyse le portefeuille du groupe pour arrêter la stratégie définitive.
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