Mongi Hamdi : « Il y a énormément de forces négatives dans le nord du Mali »

De passage chez lui à Tunis, où il participait, les 8 et 9 septembre, à un séminaire consacré au Maghreb et au Sahel, Mongi Hamdi, le chef de la mission des Nations unies au Mali, revient sur les récents combats d’Anefis et le fragile accord de paix signé en juin à Bamako.

Mongi Hamdi est le patron de la Minusma depuis décembre 2014. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Mongi Hamdi est le patron de la Minusma depuis décembre 2014. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 10 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Le chef de la Minusma ne nie pas l’évidence : il y a bien des liens étroits entre les milices qui sévissent au nord, y compris celles qui sont proches du gouvernement, et les narcotrafiquants… Interview.

Jeune Afrique : Quelle est la situation à Anefis ?

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Mongi Hamdi : Les éléments de la Plateforme, essentiellement issus du Gatia, ont quitté la localité aujourd’hui ([mercredi 9 septembre, NDLR]. La Minusma est sur place afin de sécuriser la ville. Ce qu’il s’est passé à Anefis est vraiment regrettable. Nous étions dans une logique de paix. La Minusma et la communauté internationale travaillaient à la mise en œuvre de l’accord de paix avec l’État malien et les différentes parties. La situation sécuritaire au sud de Kidal s’est dégradée brusquement. L’objectif #des belligérants, NDLR] était peut-être de compromettre cet accord de paix.

Une fois de plus, il semble que l’enjeu de ces combats soit le contrôle des routes de la drogue…

Oui, très certainement. Il y a énormément de forces négatives dans le nord : des terroristes, des criminels, des narcotrafiquants. Ceux-là ne s’intéressent pas à la paix. Ils ne veulent pas de la paix. Même au sein des groupes rebelles armés, certains éléments s’intéressent plus à sécuriser les routes de la drogue. Ils ont pris en otage le processus.

En l’occurrence, il s’agit du Gatia, une milice pro-Bamako.

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Oui, il y a des liens entre quelques éléments – je dis bien quelques uns, pas tous – du Gatia et des rebelles et les trafiquants. Leur but est de s’assurer le contrôle des routes. Ménaka, Ansongo, Tabankort : tous ces combats avaient les mêmes raisons. Mais nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous avons réagi. J’ai rapidement rencontré le président Ibrahim Boubacar Keita pour lui demander de mettre la pression sur les éléments du Gatia. Chose qu’il a faite, en leur demandant de quitter immédiatement Anefis.

Que fait la communauté internationale pour lutter contre les narcotrafiquants ?

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La Minusma a un mandat très clair, qui est d’assurer le cessez le feu, de réconcilier les cœurs et les esprits des Maliens, d’accompagner le gouvernement et d’assurer la promotion des droits de l’homme. Nous ne sommes pas là pour imposer la paix ou pour combattre le terrorisme et les trafiquants de drogue.

Mais comment trouver la paix si personne ne combat les réseaux de narcotrafiquants qui financent en partie les groupes jihadistes et qui ont corrompu tout un pan du tissu social et politique du Mali, y compris au plus haut niveau ?

C’est une question pertinente. Comme vous le savez, il y a Barkhane pour combattre le terrorisme. Mais c’est vrai que le trafic de drogue est lié aussi au terrorisme. Et que leur but est de faire dérailler le processus de paix.

La Minusma est accusé d’impartialité d’un côté comme de l’autre. Comment l’expliquez-vous ?

Cela veut dire à mon sens que nous sommes impartiaux. Notre objectif est d’établir une paix irréversible. La Minusma n’a pas d’autre agenda.

Ne faut-il pas renforcer son mandat ?

Il est assez robuste pour combattre les forces négatives.

Quand débutera le cantonnement des miliciens ?

On y travaille depuis un an. On va commencer très rapidement. Les conditions matérielles sont presque réunies. Le cantonnement est un élément essentiel. Nous allons également mettre en place des patrouilles conjointes Minusma – armée malienne rebelles.

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