Burundi : l’opposant assassiné avait porté plainte contre le gouvernement de Nkurunziza II
Patrice Gahungu avait porté plainte en 2012 contre le gouvernement burundais devant le comité des Nations unies contre la torture. Avec l’aide de l’ONG Trial, l’opposant assassiné dans la nuit de lundi à mardi avait dénoncé les tortures que lui avaient infligées les agents du Service national de renseignement.
Patrice Gahungu devait être indemnisé par le gouvernement burundais. Le porte-parole pour la paix et la démocratie(UPD), exécuté le 7 août devant chez lui par les hommes non identifiés, avait porté plainte devant le comité des Nations unies contre la torture pour des sévices infligés en 2010.
Peu après l’élection présidentielle de 2010, boycottée par la majeur partie de l’opposition, Patrice Gahungu est arrêté et amené au Service national de renseignement où il sera torturé pendant près d’une semaine selon ses proches. » Quand il est sorti de cette détention, il était méconnaissable », a confié à Jeune Afrique Pasteur Mpawenayo, conseiller politique de l’Union pour la paix et le développement (UPD).
Accusé d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État, il est alors transféré à la prison centrale de Mpimba à Bujumbura. C’est en 2012, aidé par son avocat et par l’ONG Track Impunity Always (Trial), que l’ancien coordinateur national de la police judiciaire introduit une plainte contre le gouvernement devant le comité des Nations unies contre la torture.
Le gouvernement burundais n’ayant pas vraiment réfuté les accusions, le comité a fini par tranché en faveur du plaignant, selon son avocat. « Le comité a bien analysé la plainte et la défense de Bujumbura. En même temps, l’État ne s’était pas réellement défendu », confie Me Prosper Niyoyankana, avocat de l’opposant. Les autorités burundaises préfèrent ne pas s’exprimer sur cette question.
Le juriste burundais affirme néanmoins que le motif principal de l’assassinat de Patrice Gahungu est directement lié au troisième mandat du président Nkurunziza. « Le porte-parole de l’UPD s’était fait remarqué ces derniers jours par des prises de position sur les exactions commises par la police nationale », ajoute Niyoyankana.
Les menaces et les filatures sont devenues le quotidien des cadres du parti
Depuis l’assassinat du président de l’UPD, Zedi Feruzi, le 23 mai dernier, les cadres de ce parti ont pour la plupart fui le pays et ceux qui restent affirment subir des menaces régulièrement. « Sur cinq membres du bureau exécutif, deux ont été tués dans les attentats ciblés, deux autres ont quitté le pays. Je suis le seule qui reste au Burundi mais je suis constamment suivie en filature par des véhicules que je ne reconnais pas. Je ne sais pas si je vais le supporter longtemps », avoue Marina Barampama, secrétaire général du parti.
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