Les États-Unis veulent rattraper leur retard en Afrique

Accusé par l’opposition de ne rien faire pour accélérer le commerce des États-Unis avec l’Afrique face à la poussée chinoise, le gouvernement démocrate tente de reprendre la main.

Publié le 21 août 2012 Lecture : 3 minutes.

Depuis le début de l’été, l’administration Obama a pris plusieurs décisions pour répondre à ceux qui s’inquiètent du retard pris par les États-Unis en Afrique. Dans une interview accordée à Reuters, le Représentant américain au commerce Demetrios Marantis a résumé l’esprit de la stratégie africaine de l’administration Obama pour les cinq prochaines années : « le commerce et l’investissement seront les deux piliers de la politique du gouvernement américain vis-à-vis de l’Afrique subsaharienne ». Une manière de répondre à l’amer constat du sénateur démocrate Dick Durbin : « J’entends de plus en plus souvent que les États-Unis ont abandonné l’Afrique en tant que marché. Pendant que nous aidons à façonner les institutions, la Chine et les autres conquièrent les marchés et nous laissent derrière. »

Début juin, le gouvernement a produit un document intitulé « Stratégie américaine en Afrique subsaharienne » censé redéfinir la relation économique entre les deux zones. Cette étude présente l’Afrique comme la prochaine success-story économique mondiale et promet de travailler à lever les obstacles au commerce et à l’investissement. Il faut dire que, en 2010, les investissements américains en direction de l’Afrique subsaharienne ont atteint seulement 3,2 milliards de dollars, à comparer avec les 36 milliards en provenance du reste du monde, notamment de Chine.

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Insatisfaction du monde des affaires

Malgré les promesses du gouvernement, les entreprises américaines actives en Afrique estiment ne pas avoir été suffisamment consultées dans l’élaboration de ce document. Cité par Reuters, Stephen Hayes, président du Corporate Council on Africa, une organisation professionnelle, pense d’ailleurs qu’il ne contient pas grand-chose de nouveau : « Le gouvernement doit faire encore plus pour permettre aux entreprises américaines de concurrencer les sociétés étatiques chinoises ainsi que d’autres entreprises étrangères. »

Le gouvernement doit faire plus pour permettre aux entreprises américaines de concurrencer (…) les sociétés étrangères.
Stephen Hayes, Corporate Council on Africa

Pour le moment, la politique commerciale américaine repose sur le traité Agoa, entré en vigueur en 2000 et qui doit se prolonger jusqu’en 2015. Ce traité supprime les droits de douane pour une longue liste de produits en provenance des pays africains éligibles. Le Congrès américain a récemment prolongé la durée de vie de la disposition liée au textile de ce traité, mais seulement deux mois avant son expiration. Dans la période d’incertitude qui a précédé cette décision, beaucoup de commandes ont été annulées. Demetrios Marantis insiste sur le fait qu’il est nécessaire de ne pas s’y prendre en 2015 pour prolonger les accords Agoa.

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Soutenir la US Ex-Im Bank

Si la récente visite de la secrétaire d’État Hillary Clinton peut paraître plus symbolique qu’autre chose, étant donné que le mandat de Barack Obama touche à sa fin, certaines décisions ont semblé convaincre les entreprises américaines, notamment l’idée de promouvoir l’intégration régionale. Les États-Unis ont entamé des discussions avec les cinq pays de la Communauté d’Afrique de l’Est à propos d’un pacte d’investissement et voudraient conclure un traité avec Maurice et peut-être même le Ghana.

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Le rôle de la Export-Import Bank américaine pourrait également être renforcé face à sa très puissante concurrente chinoise. Elle a ainsi récemment annoncé qu’elle aiderait à financer pour 2 milliards de dollars d’exportations américaines vers l’Afrique du Sud dans le domaine des énergies renouvelables, dans les sept ou huit prochaines années. Cette année, le portefeuille de prêts détenu par la banque en Afrique subsaharienne a atteint 5 milliards de dollars sur lesquels 1,5 milliard ont été accordés dans les huit premiers mois de l’année, un record. Mais le Congrès rechigne à augmenter sa puissance de feu et à faire d’elle l’égale de son homologue chinoise.

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