Tchad : la dictature paranoïaque de Habré décrite de l’intérieur
Un ancien membre du gouvernement tchadien a qualifié jeudi le régime de Hissène Habré (1982-1990) de « pouvoir absolu, tribal » devant le tribunal spécial africain qui juge le président déchu à Dakar.
![Hissène Habré amené de force à l’ouverture de son procès, le 20 juillet 2015 à Dakar. © Ibrahima Ndiaye/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2015/09/07/hissenhabreok.jpg)
Hissène Habré amené de force à l’ouverture de son procès, le 20 juillet 2015 à Dakar. © Ibrahima Ndiaye/AP/SIPA
Depuis l’ouverture des débats, le prévenu refuse de s’exprimer devant ce tribunal qu’il récuse. Mais les premiers témoins sont quant à eux bien décidés à parler. À commencer par le secrétaire d’État au Plan et à la Coopération de 1988 à 1990, Faustin Facho Balaam.
« J’étais dans une prison à ciel ouvert parce que suivi par la DDS (Direction de la documentation et de la sécurité, police politique du régime, NDLR) partout. Tous mes mouvements, tous mes déplacements étaient enregistrés », a témoigné Faustin Facho Balaam.
« C’est une période terrifiante »
« En Conseil des ministres, les questions de fond n’étaient pas discutées. On ne contestait rien. Une fois que le président a dit ‘ça’», c’est ‘ça’», a expliqué Faustin Facho Balaam, membre d’une formation d’opposition, entré au gouvernement après l’accord de réconciliation signé à Bagdad en 1988 et actuellement réfugié politique en France.
« Il y avait un mépris total des collaborateurs », a souligné l’ancien secrétaire d’État, se demandant si « Habré ne se considérait pas comme un demi-dieu. On avait affaire à un pouvoir absolu, tribal ». « On a tué dans tous les groupes ethniques. C’est une période terrifiante qui nous marque et qui marque encore les Tchadiens », a-t-il souligné.
Depuis le 20 juillet, le procès de l’ancien dictateur tchadien s’est ouvert devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE) à Dakar. En détention depuis deux ans au Sénégal, où il a trouvé refuge en décembre 1990 après avoir été renversé par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno, il est poursuivi pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture ». S’il est reconnu coupable, il encourt jusqu’aux travaux forcés à perpétuité.
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