Tunisie : malgré l’interdiction, la marche anticorruption est maintenue samedi à Tunis

Le principal mouvement appelant à manifester samedi à Tunis contre un projet de loi controversé d’amnistie des délits de corruption maintient ce rassemblement, malgré l’interdiction des autorités.

L’avenue Habib Bourguiba, artère principale de la capitale tunisienne. © Lefteris Pitarakis/AP/SIPA

L’avenue Habib Bourguiba, artère principale de la capitale tunisienne. © Lefteris Pitarakis/AP/SIPA

Publié le 11 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

« Nous avons décidé de descendre dans la rue et d’assumer nos responsabilités envers les campagnes de répression et d’intimidation dont nous ferons l’objet », a déclaré à la presse l’avocat Charfeddine Kellil, responsable de Non, nous n’allons pas pardonner, un mouvement citoyen créé après l’annonce du projet de loi très controversé. « Nous espérons que l’autorité ne glisse pas vers ce faux choix (de réprimer), dont l’échec a été démontré par le passé », a-t-il ajouté.

Ce mouvement, rejoint par plusieurs partis d’opposition et des personnalités indépendantes, ont appelé à manifester samedi dans le centre de Tunis pour dénoncer un projet de loi de réconciliation prévoyant l’amnistie de personnes poursuivies ou condamnées pour corruption en échange d’un remboursement des préjudices et d’une pénalité financière.

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Un rassemblement interdit

Ce texte, qui provoque un vif débat, a été présenté en conseil des ministres cet été à l’initiative du président Beji Caïd Essebsi. « Nous réclamons son retrait immédiat. Le président doit protéger la Constitution comme président de tous les Tunisiens. Avec ce projet de loi, il est devenu président d’une élite de corrompus », a clamé Charfeddine Kellil.

Mardi, le ministère de l’Intérieur avait prévenu que tout rassemblement était par définition illégal, du fait de l’état d’urgence réintroduit après l’attaque jihadiste de Sousse fin juin. Une décision dénoncée par les organisateurs de la marche, qui y voient une volonté de museler la contestation.

Des manifestations contre le projet de loi ont déjà eu lieu 

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Afin de tenter de trouver un terrain d’entente sur la tenue du rassemblement, un responsable du Front populaire, un des partis d’opposition appelant à manifester, devait rencontrer vendredi après-midi le Premier ministre Habib Essid, d’après le site de la radio privée Mosaïque FM. Des manifestations contre le projet de loi ont déjà eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment le 1er septembre à Tunis où le cortège a été dispersé par la police.

L’ONG Human Rights Watch a appelé les autorités tunisiennes à respecter le droit à manifester. « La Tunisie est indubitablement confrontée à de graves problèmes de sécurité mais la réaction musclée des autorités à ces manifestations pacifiques ne constitue en aucun cas le moyen de les résoudre », a déclaré dans un communiqué le directeur-adjoint de l’ONG pour la région Moyen-Orient et Afrique du nord, Eric Goldstein.

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