Burundi : un rapport gouvernemental accuse l’opposition d’être liée au putsch

Au Burundi, une commission d’enquête a sorti fin août un rapport sur les manifestations déclenchées en avril contre le troisième mandat de Nkurunziza. Commanditées par le procureur général de la République, les conclusions de l’enquête sont à charge contre l’opposition et la société civile.

Des femmes burundaises manifestent dimanche 10 mai pour le douzième jour de suite contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza. © Aymeric Vincenot/AFP

Des femmes burundaises manifestent dimanche 10 mai pour le douzième jour de suite contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza. © Aymeric Vincenot/AFP

Publié le 11 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Les manifestations enclenchées le 26 avril 2015 n’ont respecté aucune règle établie en matière de manifestations publiques et sont « par conséquent un mouvement insurrectionnel » punissable devant la justice, a indiqué dans son rapport sorti en fin août et obtenu par l’AFP, la Commission d’enquête chargée de faire la lumière sur le mouvement insurrectionnel.

Cette commission, composée de quatre magistrats nommés par le Parquet, accuse notamment 25 associations membres de la campagne « Halte au troisième mandat », six partis ou coalition d’opposition (MSD, Frodebu, Frodebu-Nyakuri, UPD, Indépendants de l’espoir et ADC), certains de leurs dirigeants, ainsi que des militaires, policiers, hommes et femmes d’affaires d’être « à l’actif de ce mouvement insurrectionnel ».

Ce rapport a été commandité par le pouvoir de Nkurunziza pour incriminer tous les anti-troisième mandat !

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Parmi les hommes politiques visés figurent Alexis Sinduhije président en exil du MSD, Jean Minani président du Frodebu-Nyakuri, Charles Nditije des Indépendants de l’Espoir, Léonce Ngendakumana, président du Frodebu et de la coalition ADC, ainsi que les deux anciens présidents, Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye, les cinq derniers étant toujours au Burundi.

Les opposants incriminés dans ce rapport dénoncent quant à eux une parodie de justice. « Ce rapport a été commandité par le pouvoir de Nkurunziza pour incriminer tous les anti-troisième mandat », a accusé Charles Nditije. « Cette commission n’a aucune crédibilité judiciaire », a-t-il ajouté tout en rappelant que nulle part ne sont évoqués les manifestants tués par la police.

Les médias et la société civile font partie du lot

Sur cette « liste noire », sont également pointés du doigt, parmi d’autres, Pierre-Claver Mbonimpa, défenseur des droits de l’Homme, encore soigné à l’étranger après une tentative d’assassinat début août, Pacifique Nininahazwe et Vital Nshimirimana, figures de la société civile ayant pris le chemin de l’exil.

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Les magistrats affirment également que les organisateurs des manifestations étaient en concertation étroite avec ceux qui préparaient le coup d’État du 13 mai. « Le putsch est donc venu en couronnement à l’insurrection », a jugé la Commission présidée par Adolphe Manirakiza, premier substitut du procureur général.

Quant aux médias, le rapport en juge également certains coupables de complicité avec l’opposition et les mutins. Les médias indépendants attaqués au moment du putsch sont pour la plupart restés fermés jusqu’à maintenant. « Les médias qui ne sont toujours pas rouverts sont ceux qui ont trempé dans le putsch du 13 mai. Sinon les autres continuent de travailler », a expliqué à Jeune Afrique Pascal Nyabenda président de l’assemblée nationale burundaise.

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