Sous le régime Habré, la faim tuait plus que la torture, selon un ancien responsable d’Amnesty

Sous le régime de l’ex-président Hissène Habré (1982-1990), la faim tuait bien plus que la torture dans les prisons tchadiennes, a affirmé vendredi un ancien responsable d’Amnesty International, devant le tribunal spécial qui juge l’ex-dirigeant à Dakar.

Publié le 11 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

La plupart des morts n’était pas liées aux « tortures mais à ce qu’on a appelé la diète noire, la privation de nourriture mais aussi de boissons et de manque de soins médicaux », a affirmé Mike Dottridge, en poste à Amnesty International de 1977 à 1995, qui témoignait à Dakar au procès de Hissène Habré.

« La nourriture était en quantité tellement petite que le prisonnier en mourrait », a précisé Mike Dottridge. Amnesty International a d’ailleurs publié plusieurs rapports sur le Tchad pendant que Habré était au pouvoir et l’ancien employé de l’organisation a détaillé plusieurs formes de tortures pratiquées à l’époque.

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La méthode arbatachar a été bien documentée, a-t-il indiqué en expliquant qu’elle consistait à attacher dans le dos les bras et les jambes du détenu, provoquant de graves difformités et la paralysie des membres.

Puis, il a cité la méthodes des baguettes qui faisait couler du sang du nez de la victime. « Il y avait une autre méthode qui obligeait la victime à boire énormément d’eau avec du piment », ou encore lorsqu’une pipe est mise dans la bouche de la victime où on introduit du gaz, en plus de la torture avec des décharges électriques, a-t-il affirmé.

Les avocats commis d’office assurent leur fonction

Quant à la défense commise d’office par le tribunal spécial, elle a continué vendredi à intervenir dans les débats en posant des questions au témoin. Depuis l’ouverture des débats, le prévenu refuse de s’exprimer devant ce tribunal qu’il récuse et ne collabore pas avec les trois avocats commis d’office, tous membres du barreau de Dakar. « C’est dommage qu’il [Hissène Habré] ne coopère pas. Le dossier est défendable », avait déclaré à la presse l’un d’eux, Me Mbaye Sène.

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L’audience qui se tient au Palais de justice de Dakar a été suspendue vendredi et doit se poursuivre lundi avec l’audition de nouveaux témoins. La retransmission en direct du procès au Tchad a cependant été suspendue malgré l’accord entre les deux pays pour une retransmission intégrale du procès.  « Nous invitons l’État du Sénégal a faire très rapidement en sorte que la retransmission puisse être effective au Tchad et que les victimes qui sont restées puissent vivre ce procès et en tirer toutes les leçons’’, a affirmé l’avocat de la partie civile, Me Assane Dioma Ndiaye.

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