Le Kenya inaugure un mémorial, offert par Londres, en l’honneur des Mau Mau

Un mémorial pour les milliers de personnes tuées, torturées et emprisonnées lors de la révolte des Mau Mau au Kenya a été inauguré samedi à Nairobi où, fait remarquable, il a été financé par l’ex-colon britannique.

Inauguration du mémorial pour les milliers de personnes tuées, torturées et emprisonnées lors de la révolte des Mau Mau au Kenya, le 12 septembre 2015. © Simon Maina/AFP

Inauguration du mémorial pour les milliers de personnes tuées, torturées et emprisonnées lors de la révolte des Mau Mau au Kenya, le 12 septembre 2015. © Simon Maina/AFP

Publié le 12 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

C’est « avec humilité » que le Haut Commissaire du Royaume-Uni au Kenya, Christian Turner, a dit assister à la cérémonie organisée dans le parc Uhuru (« Liberté » en swahili), en plein cœur de Nairobi.

« J’espère que ce mémorial nous permettra de reconnaître et de discuter des sujets ayant trait à cette période difficile pour la Grande-Bretagne et le Kenya, et qu’il nous donnera l’occasion de tirer un trait dessus et d’aller de l’avant », a déclaré M. Turner.

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« C’est la bonne ligne de conduite pour ceux d’entre vous qui ont souffert, pour la Grande-Bretagne et le Kenya, et notre relation commune, » a-t-il ajouté. « Nous devons apprendre du passé. »

« C’est un jour spécial »

Des drapeaux britanniques et kényans flottaient au-dessus de plusieurs milliers de vétérans Mau Mau, au moins septuagénaires, dansant et chantant dans le parc. La foule a acclamé M. Turner et s’est pressée pour lui serrer la main.

De nombreux anciens militants portaient encore les dreadlocks caractéristiques des Mau Mau, désormais grisonnantes, ainsi que des tee-shirts ornés du mot « héros ».

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« C’est un jour spécial », a déclaré Gitu wa Kahengeri, secrétaire général de l’association des vétérans Mau Mau, ajoutant qu’ils « croient vraiment à la réconciliation pour un avenir meilleur. »

« Le mémorial sera un symbole de la réconciliation », a approuvé le ministre kényan des Affaires étrangères Amina Mohamed.

L’arc de l’histoire est long, mais il tend vers la justice.

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Makua Mutua, chef la Commission des droits de l’Homme du Kenya (KHRC), a pour sa part dit que le « colonialisme était un crime contre l’humanité », mais que les excuses britanniques étaient acceptées.

« L’arc de l’histoire est long, mais il tend vers la justice, » a-t-il ajouté, se réjouissant du fait que « les responsables et les victimes, les colonisés et les colonisateurs » puissent « être ensemble. »

Si ce monument est le fruit d’un projet mené conjointement par l’Association des vétérans Mau Mau, le Royaume-Uni et la Commission kényane des droits de l’Homme, son coût de 124.000 euros a été entièrement réglé par Londres.

La statue représente un combattant Mau Mau, reconnaissable à ses dreadlocks et son fusil artisanal, recevant un panier de nourriture des mains d’une femme. Les deux personnages évitent de se regarder: ils ne pourront ainsi dénoncer l’autre s’ils se font arrêter et torturer.

La guérilla des Mau Mau, qui revendiquaient les terres fertiles possédées par les colons blancs, auxquelles les Kényans n’avaient pas accès, a terrorisé les colons britanniques entre 1952 et 1960.

Lors de la révolte et de son implacable répression, au moins 10.000 Mau-Mau ou présumés tels ont perdu la vie. Certains historiens affirment que le nombre de victimes serait deux fois plus élevé.

Des milliers de personnes furent torturées et des dizaines de milliers d’hommes et de femmes emprisonnées dans des camps entourés de barbelés.

M. Turner lui-même a raconté que son grand-père, chef de la police kényane à l’époque, a démissionné en 1954 à cause de « l’échec de l’administration coloniale à répondre aux violences commises par les forces de sécurité. »

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