Tunisie : manifestation contre un projet d’amnistie des délits de corruption
Des centaines de personnes manifestaient samedi dans le centre de Tunis contre un projet de loi controversé d’amnistie des délits de corruption, malgré l’interdiction des autorités de tout rassemblement en raison de l’état d’urgence.
« Ni peur ni terreur, la rue appartient au peuple ! », ont scandé les manifestants.
Parmi eux figuraient des partisans du Front populaire, une coalition de partis de gauche, des membres d’un mouvement citoyen créé après l’annonce du projet de loi et baptisé « Non, nous n’allons pas pardonner », ainsi que des membres de partis d’opposition. Les trois groupes manifestaient séparément sur l’avenue Habib Bourguiba.
« Non à une réconciliation qui blanchit la corruption », disait l’une des pancartes brandie sur l’avenue, haut lieu de la révolution qui mit fin en 2011 à une dictature de 23 ans.
« Menaces terroristes »
Cette artère centrale de Tunis a été fermée aux véhicules mercredi pour plusieurs jours en raison de « menaces terroristes » selon les autorités. Samedi, elle était quadrillée par un important dispositif policier, avec plusieurs fourgons de la police et de la Garde nationale (gendarmerie) et de nombreux policiers en uniforme ou en civil.
Des barrières ont été installées à tous les accès et certaines rues latérales ont été fermées aux piétons.
« Je participe à cette manifestation pour deux raisons: d’abord pour le retrait du projet de loi parce qu?il est anticonstitutionnel, ensuite pour reprendre la rue, parce qu’il y a eu des tentatives de nous empêcher de manifester », a dit à l’AFP Naziha Rjiba, une opposante connue de l’ex-dictateur Zine El Abidine Ben Ali.
Sallemi, 55 ans, a dit être spécialement venu de Gafsa (centre) pour le rassemblement.
« Moi, je me suis endetté pour tout acheter : ma maison, mon réfrigérateur… Personne ne m’a pardonné. Alors comment peuvent-ils pardonner aux corrompus ? » a-t-il lancé.
Présenté par le président Béji Caïd Essebsi en conseil des ministres mi-juillet, le projet de loi de « réconciliation économique et financière », prévoit l’amnistie de personnes poursuivies pour corruption en échange d’un remboursement et d’une pénalité financière. Il fait l’objet de vives critiques au sein de partis politiques et de la société civile.
Des manifestations contre le projet de loi ont déjà eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment le 1er septembre à Tunis où le cortège a été dispersé.
Le ministère de l’Intérieur a prévenu que tout rassemblement de ce type était par définition illégal du fait de l’état d’urgence réintroduit après l’attaque jihadiste près de Sousse fin juin (38 morts), tout en assurant que « le refus d’autoriser les manifestations » n’avait « aucun lien » avec des « considérations politiques ».
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