Algérie : le général Toufik, chef du renseignement, mis à la retraite par Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika a mis fin dimanche aux fonctions du patron des services de renseignements militaires, le général Toufik, confirmant sa domination sur l’armée, considérée jusqu’à présent comme la détentrice du pouvoir dans le pays.
Le chef de l’État algérien a nommé à sa place son propre conseiller à la sécurité, le général Athmane Tartag, dit Bachir, qui fut longtemps le numéro 2 du DRS (Département du renseignement et de la sécurité), selon un communiqué de la présidence, dimanche 13 septembre.
Abdelaziz Bouteflika « a mis fin ce jour aux fonctions de chef du Département du renseignement et de la sécurité, exercées par le général de corps d’armée, Mohamed Mediene, admis à la retraite », précise le communiqué.
Qui était Mohamed Médiene ?
Le général Mohamed Médiene, dit Toufik, 76 ans, dirigeait le DRS depuis 25 ans. Il aura vu passer cinq chefs d’État et une dizaine de chefs de gouvernement, apparaissant aux yeux des observateurs comme le « faiseur de rois » en Algérie, certains n’hésitant pas à l’appeler « rab dzayer » (le Dieu de l’Algérie).
Il était le dernier chef militaire en activité parmi le collège des généraux ayant fait appel à Abdelaziz Bouteflika en 1999 pour diriger l’Algérie. Le général Toufik était aussi le dernier des chefs militaire à avoir barré en 1992 la route du pouvoir aux islamistes du Front islamique du salut (FIS), après leur victoire aux premières législatives pluralistes de l’histoire du pays.
Lors de la décennie sanglante qui a suivi, le DRS a étendu ses pouvoirs et son chef, jamais apparu en public, était devenu l’homme le plus puissant du pays. Dimanche 13 septembre, pour la première fois, sa photo s’est affichée à la une d’un journal. En-Nahar, le montre habillé en costume et cravate, les yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil.
Qui est son remplaçant ?
Son remplaçant, le général Bachir, fut l’un de ses principaux adjoints durant la décennie de guerre civile dans les années 90. Écarté au début des années 2000 au moment de la mise en œuvre de la politique de réconciliation nationale du président Bouteflika, cet ingénieur de formation a été ensuite rappelé après une série d’attentats spectaculaires, dont une tentative d’assassinat du chef de l’État en 2007.
Nommé en décembre 2011 à la tête de la Direction de la sécurité intérieure, le service du contre-espionnage, le général Tartag avait été mis à la retraite en septembre 2013, avant d’être appelé à la présidence.
Reprise en main de l’armée ?
Avec le départ du général Toufik, le chef de l’État assoit totalement sa domination sur l’armée. Depuis fin juillet, il a effectué de nombreux changements à la tête de l’armée et des services de sécurité. Le dernier en date, avant le départ du général Toufik, avait touché vendredi 11 septembre le patron de la gendarmerie, le général Ahmed Boustila, admis à la retraite.
Les changements ont en réalité commencé fin 2013 alors que planait le doute sur le quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Soupçonnant le général Toufik d’un soutien tiède, le chef de l’État a entrepris d’affaiblir le DRS, en lui ôtant de nombreuses prérogatives.
Le président avait par ailleurs averti dès 1999 qu’il ne serait pas un « trois quarts de président » en réponse à des questions sur une éventuelle « ligne rouge » tracée par les généraux. Il avait promulgué en 2006 une loi sur le personnel militaire qui lui permet de mettre à la retraite ou de garder qui bon lui semble au sein du commandement militaire.
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