Standard & Poor’s revoit à la baisse les notations des pays pétroliers africains

Après avoir abaissé celle du Congo-Brazzaville, l’agence Standard & Poor’s vient de dégrader d’un cran, de « BB- » à « B+ », les notes souveraines de l’Angola et du Gabon. Celle du Nigeria a été placée sous surveillance négative. En cause : la chute des cours du pétrole.

S&P estime que le Ghana aura des difficultés à se plier aux contraintes attachées à une aide financière du FMI. © Reuters

S&P estime que le Ghana aura des difficultés à se plier aux contraintes attachées à une aide financière du FMI. © Reuters

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Publié le 16 février 2015 Lecture : 3 minutes.

À travers une série de communiqués publiés depuis une dizaine de jours, l’agence internationale Standard & Poor’s s’efforce d’actualiser les notations attribuées aux pays producteurs de pétrole à travers le monde pour tenir compte du net recul des cours de l’or noir sur les marchés internationaux.

Le 9 février dernier, S&P a baissé d’un cran la note de la République du Congo, la passant de « B+ » à « B ». Le lendemain, elle plaçait celle du Nigeria sous surveillance négative. À la clôture des marchés européens le 13 février, l’agence a annoncé la dégradation d’un cran des notes de long terme de l’Angola et du Gabon de « BB- » à « B+ », avec des perspectives stables.

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Estimations des cours du pétrole

Au total, des 16 pays pétroliers dont les notes ont été mises à jour par S&P depuis le début du mois de février, 10 ont vu leurs notes abaissées ou placées sous surveillance négative (notamment le Venezuela, l’Arabie Saoudite et Bahrain). Six seulement ont vu leurs notes maintenues.

Ces dégradations en série sont dues, explique l’agence américaine, à une révision à la baisse de ses estimations du prix du pétrole en 2015. Au cours du dernier trimestre 2014, lors de son précédent round de mises à jour des notations souveraines, Standard & Poor’s pariait sur un cours de l’ordre de 90 à 105 dollars le baril cette année. Depuis les prix ont chuté d’environ 50 %, poussant l’agence de notation à réviser ses hypothèses de prix pour les prochains semestres à 55 dollars le baril en 2015 et 70 dollars sur la 2015-2018.

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Détérioration des équilibres macroéconomiques

Dans le cas de l’Angola, qui tire 70 % de ses recettes fiscales et 95 % de ses exportations du pétrole, Standard & Poor’s s’attend à une détérioration marquée des équilibres macroéconomiques. Selon ses estimations, le déficit des comptes courants devrait atteindre 7 % du PIB en 2015, contre un excédent de 8 % en moyenne entre 2011 et 2014. L’endettement du gouvernement général devrait se situer à 32,4 % du PIB cette année, contre 23,6 % l’an dernier.

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Le pays devrait connaître un déficit de 5 % du PIB en moyenne entre 2015 et 2017, loin de l’excédent de 7,46 % connu en moyenne (non-pondérée) entre 2010 et 2012. Le PIB du pays ne devrait croître que de 2,5 % en 2015 et de 3,75 % en moyenne sur la période 2015-2018. En août 2014, Standard & Poor’s pariait sur une croissance moyenne de 6 % entre 2015 et 2017.

Malgré cette détérioration attendue des conditions macroéconomiques, l’agence américaine a toutefois décidé de maintenir les perspectives du pays à « stables », en raison des marges de manoeuvre fiscales et monétaires du pays, qui dispose d’un fonds souverain doté de 5 milliards de dollars et dont les réserves de changes représentaient 25 % du PIB fin 2014 – elles devraient rester supérieures à 16 % fin 2016.

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Prognostics

Malgré la baisse de la note souveraine du Gabon, Standard & Poor’s refuse d’être alarmiste. L’agence de notation estime que le pays connaîtra une croissance de 3,5 % en 2015, inférieure certes aux 5 % annoncés en septembre dernier sur la période 2015-2017, mais solide. Libreville, qui tire 50 % de ses recettes et 80 % de ses exportations du pétrole, devrait enregistrer un déficit fiscal modéré de 2,5 % cette année, contre un excédent de 4,5 % en 2014.

C’est en matière d’endettement et d’évolution des comptes extérieurs que les prévisions de Standard & Poor’s sont les moins optimistes. L’agence de notation s’attend à ce que la dette publique nette atteigne 31,1 % du PIB cette année (8,6 points de plus que le niveau annoncé en septembre dernier). La balance des comptes courants devrait être déficitaire de 4,6 % du PIB cette année. Avant la révision de la notation du Gabon, S&P misait sur un excédent de 6,1 % du PIB en 2015.

Selon les estimations de l’agence américaine, Libreville devrait retrouver l’équilibre fiscal (en fait un excédent de 1 % du PIB) en 2018, avec une croissance annuelle de 5,5 %

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