Algérie : retour sur les grandes étapes de la restructuration du renseignement depuis 2013
La présidence algérienne a annoncé dimanche la mise à la retraite du général de corps d’armée, Mohamed Mediène. La nouvelle est un tournant dans la restructuration du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) engagée depuis l’été 2013.
Une page est tournée. Le limogeage du général Mediène, dit « Toufik », a mis l’homme de 76 ans à la retraite après 25 ans de service à la tête du DRS. Cette décision, si elle marque un tournant, intervient néanmoins dans le cadre de la restructuration du service amorcée progressivement depuis juillet 2013.
Le limogeage du colonel Fawzi
Quelques semaines après son hospitalisation au Val de Grâce fin avril 2013, Abdelaziz Bouteflika prend la décision de limoger le colonel Fawzi qui dirigeait depuis 12 ans le Centre algérien de communication et de diffusion (CCD). Cette antenne du DRS était notamment chargée de surveiller la presse et de distribuer la publicité aux médias. Les premières analyses ont considéré le départ de Fawzi comme une conséquence de la couverture par les médias algériens de l’hospitalisation du chef de l’États à Paris. D’autres y ont vu un simple prétexte pour justifier la restructuration des services.
Saadani Vs. Toufik
L’eau n’a pas encore coulé sous les ponts que Saadani relance les hostilités en s’attaquant personnellement au patron du DRS, dit le général Toufik. Début février 2014, le chef du Front de libération nationale (FLN), parti historique, accorde une interview au site TSA dans laquelle il dénonce les défaillances de la direction des services de renseignement. Il ajoute que Toufik avait échoué dans sa mission et qu’il aurait dû démissionner après ses échecs. Très remarquée, l’attaque lancée contre Mohamed Mediène via les médias n’a pas reçu de réponse, mais la lutte entre les proches du président et le DRS a éclaté au grand jour via la presse et le nom du général a été clairement cité, chose rare. La raison de la confrontation ? Les proches de Bouteflika auraient estimé que le DRS ne soutenait pas suffisamment la candidature du président à un 4ème mandat.
Après l’affaire de Zéralda
Au lendemain de la mystérieuse affaire de Zéralda le 16 juillet 2015, trois chefs des services de sécurité ont été écartés : le général-major Ali Bendaoud, responsable de la Direction de la sécurité intérieure et du contre-espionnage, le général Ahmed Moulay, chef de la Garde républicaine et le général Djamel Kehal Madjoub, responsable de la protection présidentielle. Et leurs services mis sous la tutelle de l’état-major. Puis, c’est le général Hassan, un ancien des services de sécurité aujourd’hui à la retraite qui a été arrêté et placé à la prison militaire de Blida le 27 août dernier, notamment pour insubordination et détention d’armes.
Plus de prérogatives à l’état-major
La restructuration du DRS était déjà à l’oeuvre avant la réélection de Bouteflika mais n’a fait que s’accélérer après avril 2014. Et les limogeages de ces derniers mois ont affaibli le DRS.
Dès 2013, le président de la République a donné plus de prérogatives à l’état-major avec à sa tête Gaïd Salah, qui cumule depuis le remaniement du 11 septembre 2013 une seconde fonction, celle de vice ministre de la Défense. L’état-major a récupéré de nombreux services au dépend du DRS comme la communication après la mise à l’écart du général Fawzi.
Aussi, la direction des écoutes, la protection présidentielle, le Service de coordination et de renseignement anti-terroriste (Scorat) sont passés sous l’autorité de l’état-major et le Groupe d’intervention spéciale (GIS) a été dissous. Mais alors, que reste-t-il au DRS ? Pas grand chose à part la sécurité intérieure, la sécurité extérieure, le contre-espionnage et la direction des points sensibles. Désormais, la mise à l’écart du général Toufik marque un point culminant dans cette restructuration.
L’homme mystère est remplacé par son ancien adjoint, le général major Athmane Tartag, un ancien chef du contre espionnage devenu conseiller à la présidence depuis octobre 2014, surnommé le “bombardier”.
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