Les miniers n’hésitent plus à s’associer aux groupes chinois
Majors et juniors n’hésitent plus à signer des partenariats ou à créer des coentreprises avec des groupes chinois, dont la capacité de financement s’avère fort utile pour développer des projets en Afrique.
Chine-Afrique : entre mythes et réalités
Il est loin le temps où travailler avec les groupes chinois rebutait les multinationales actives en Afrique. Désormais, elles sont nombreuses à vouloir s’associer avec eux, en particulier dans les secteurs où les Chinois ne maîtrisent pas encore les technologies de production et où les besoins en capitaux sont importants.
Chinalco];height[313]" target="_blank" class="jcepopup" type="image">Exemple frappant de ce « réchauffement », le secteur minier, où se multiplient les accords entre les groupes cotés à Londres, Sydney, Johannesburg ou Toronto et des métallurgistes chinois. Fin 2010, le géant australien Rio Tinto avait fait sensation en s’associant – c’était une première – à Chinalco pour l’exploitation du mégagisement de fer du Simandou, en Guinée. Cela a permis au groupe australien de financer les infrastructures logistiques coûteuses du projet, grâce aux 1,35 milliard d’euros apportés par son partenaire chinois, mais aussi d’améliorer ses relations avec les autorités guinéennes, grâce à un appui politique de Pékin. Jadis, un tel accord n’aurait pas été envisageable, compte tenu de la volonté des majors de contrer les tentatives de leurs acheteurs de remonter la filière.
Tour de force
Chez les pétroliers aussi
C’était un tabou, on risquait de se voir jeter l’opprobre. Mais aujourd’hui, on l’appelle de ses voeux. Dans les milieux très discrets des multinationales pétrolières, s’associer à un groupe chinois est devenu stratégique. Le français Total s’est ainsi rapproché dès 2009 de China National Petroleum Corporation pour développer le permis du lac Albert, en Ouganda. « Nous leur apportons une expertise dans l’exploration et la production ; eux nous apportent leurs moyens dans certaines infrastructures », expliquait alors un cadre de la firme française, précisant que la construction d’un pipeline de plusieurs centaines de kilomètres pour évacuer l’or noir de ce pays enclavé pourrait leur être confiée. Rapide et moins cher, le savoir-faire chinois a des atouts non négligeables. M.P.
De même, des juniors qui manquent de moyens capitalistiques pour passer à la phase d’exploitation s’associent avec succès aux groupes chinois. Un moyen pour elles d’éviter leur rachat par des géants du secteur. Frank Timis, patron d’African Minerals, a ainsi réussi le tour de force d’attirer deux investisseurs chinois dans ses projets sierra-léonais. Coup sur coup, il s’est assuré la prise de participation de 12,5 % de son projet de Tonkolili par China Railway Materials en échange de la construction d’une voie ferrée, puis de 25 % par Shandong Iron and Steel Group, qui s’est engagé au passage à lui acheter 10 millions de tonnes de fer par an. « J’aide les Chinois à casser l’oligopole mis en place par les australiens Rio Tinto et BHP Billiton et le brésilien Vale, qui à eux trois contrôlent 80 % du marché du fer. Contrairement à ces trois majors, j’offre aux groupes chinois un véritable accès à un outil industriel minier. Avec moi, ils ne sont plus simplement clients, mais décideurs et investisseurs », se félicitait Frank Timis dans une interview à Jeune Afrique, début 2011.
Autre exemple : Octéa, filiale diamantifère de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), a également mis en place un partenariat original avec la Chine. Pour développer son gisement de Koidu, en Sierra Leone, ce groupe israélien de taille moyenne a décidé de lever des fonds à… Hong Kong. « Nos pierres sont appréciées et vendues en Chine. Il est logique de solliciter les investisseurs là où se trouvent nos clients », expliquait en février Dag Cramer, vice-président du groupe.
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