RDC : sept dirigeants de la majorité présidentielle accusent Kabila de « stratégie suicidaire »
Sept dirigeants de la majorité ont adressé lundi une lettre cinglante au président de la RDC. Ils y dénoncent la stratégie suicidaire de Joseph Kabila, soupçonné d’entretenir à dessein la confusion sur la tenue de prochaines élections afin de se maintenir au pouvoir en dépit de la Constitution.
Les mots sont clairs, tout comme l’objectif de la missive : garder le pouvoir après 2016, même sans Jospeh Kabila. « La stratégie actuelle nous paraît suicidaire », écrivent les sept responsables des formations politiques (également appelées le G7) alliées au Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir) de Joseph Kabila, qui avaient déjà interpellé le chef de l’État en février également par le biais d’une lettre. L’évolution politique des dernières semaines a « conduit l’écrasante majorité des Congolais à la conviction qu’il y a des intentions inavouées de ne pas respecter la Constitution », poursuivent-ils, or « nous vous avons exprimé dans ces correspondances, nos vives inquiétudes quant aux velléités de révision ou de changement de la Constitution, aux tentatives de réécritures de la loi électorale, au démembrement précipité des provinces », lit-on sur la lettre datée du 14 septembre, à la veille de la rentrée parlementaire, qui a aussitôt fuité sur les réseaux sociaux.
« La gravité de la situation et les risques qu’elle fait peser sur l’avenir de la RDC appellent des initiatives courageuses aussi bien de votre part que de celle de la Majorité présidentielle », se justifient-ils. « À cet effet, il nous semble fondamental de garantir un respect absolu de la Constitution. (…) N’ayant pu organiser les élections provinciales et sénatoriales en temps voulu, et maintenant celles bien moins coûteuses des gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces, comment s’étonner de la suspicion générale qui s’est installée contre nous en voulant maintenir à tout prix les élections locales, municipales et urbaines ? « , ajoutent-ils. Avant de conclure : « Voilà pourquoi (…) nous sommes devant l’ardente obligation de nous limiter à l’organisation des élections présidentielle, législatives, sénatoriales et provinciales sur la base d’un fichier révisé. (…) Il va de soi que toutes les difficultés actuelles et le retard accumulé dans l’organisation des élections appellent un ajustement conséquent du calendrier électoral. Toutefois, cet ajustement doit impérativement respecter les délais institutionnels et se faire en toute transparence. »
La majorité divisée
La lettre est notamment signée par Yves Mobando-Yogo, vice-président du Mouvement social pour le renouveau, plus gros parti de la coalition gouvernementale après le PPRD, et par Olivier Kamitatu, président de l’Alliance pour le renouveau du Congo (ARC) et ministre du Plan. Sa publication intervient alors que le parti d’opposition historique, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi avoir rompu ses pourparlers avec le pouvoir destinés à préparer le « dialogue national » proposé par Joseph Kabila en vue de la tenue d’élections paisibles.
Dans un communiqué signé de son président, Étienne Tshisekedi, le rival malheureux de Joseph Kabila à la présidentielle de 2011, l’UDPS appelait également « toutes les forces politiques et sociales acquises au changement » à « l’organisation d’un processus électoral crédible », dans un « climat apaisé », et tenant « compte des délais constitutionnels ».
Les tensions se multiplient à l’approche des élections censées s’ouvrir fin octobre pour mener à la présidentielle de novembre 2016, à laquelle Kabila ne peut se présenter selon la Constitution. Depuis des mois, l’opposition l’accuse de manœuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà de la fin se son mandat et le mécontentement gronde aussi au sein de la majorité, jusqu’au sein même du PPRD, alors que le chef de l’État entretient le doute sur ses intentions et son avenir politique. Jusqu’à présent, rares sont ceux au sein de son camp qui ont osé interpeller Kabila aussi ouvertement que le fait le G7 en plaidant pour une alternance politique au sein de la majorité. Signe de l’urgence d’éteindre le feu dans sa maison, le président a convoqué une réunion de sa majorité, ce mardi à 16 heures à Kinshasa.
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