Togo : quatre ans après leur procès, que deviennent les condamnés de l’affaire du « putsch de Pâques » ?
Le 15 septembre 2011, Kpatcha Gnassingbé, demi-frère du président togolais, et une trentaine de personnes écopaient de peines de prison ferme après un retentissant procès pour tentative de coup d’État. Quatre ans plus tard, JA fait le point sur la situation des principaux condamnés.
Présenté comme le cerveau de l’opération, l’ancien tout puissant ministre de la Défense – dont le poste est rattaché à la présidence de la République depuis son éviction en 2007 -, a été condamné à 20 ans d’emprisonnement ferme, peine doublée de la déchéance civique. Le procès a récemment été jugé inéquitable par la Cour de justice de la Cedeao, qui estime que le droit des requérants a été « violé en raison de l’utilisation au cours du procès diligenté des preuves obtenues sous les actes de torture ».
Kpatcha Gnassingbé purge toujours sa peine à la prison civile de Lomé. Il a été hospitalisé pendant quelques jours début août en raison d’une dégradation de son état de santé. Le détenu aurait été victime d’une embolie pulmonaire et souffrirait également des complications d’un diabète diagnostiqué avant son arrestation, ainsi que de tension artérielle.
Assani Tidjani
Le général Assani Tidjani, ancien chef d’état-major des armées et ministre de la Défense, fait partie des généraux qui ont porté au pouvoir Faure Gnassingbé le 5 février 2005. Il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle à l’issue du procès. Peine qu’il ne purgera pas jusqu’au bout, en raison de son état de santé. Le général décède le 7 décembre 2012 à Limoges en France où il avait été transféré pour y recevoir des soins. D’origine yorouba, il est enterré au Nigeria, selon sa volonté.
Olivier Amah
Il se dit toujours « injustement impliqué dans cette affaire ». Ancien directeur du Service de renseignement et d’information (SRI) de la gendarmerie, il a été radié des Forces armées togolaises (FAT) suite au procès. Condamné à 23 mois de prison plus un mois de sursis, le commandant Amah a été libéré en septembre 2011, ayant déjà purgé sa peine en détention provisoire. Il crée ensuite l’Association des victimes de la torture au Togo (ASVITTO), et devient membre de « Sauvons le Togo », un collectif de partis et d’organisations de la société civile hostiles au pouvoir. De nouveau incarcéré en 2013 pour avoir appelé l’armée à se soulever, il a été libéré en février 2014. L’ex-officier a fui le Togo il y a un an et aurait trouvé l’asile dans un pays européen.
Abi Atti
Militaire respecté par ses troupes, le commandant de gendarmerie Abi Atti est un très proche de Kpatcha Gnassingbé. C’est lors d’un retour de Côte d’Ivoire, où il sert au sein du contingent togolais de l’Onuci, que l’officier se retrouve mêlé à la tentative de coup d’État. Il est lui aussi condamné à 20 ans d’emprisonnement, peine qu’il purge toujours.
Essolissam Gnassingbé
Demi-frère du chef de l’État, son implication dans le putsch manqué serait davantage liée à sa proximité avec Kpatcha Gnassingbé. Accusé d’avoir pris part au complot, il a été condamné à 24 mois de prison plus un mois de sursis. Également libéré en septembre 2011, Essolissam Gnassingbé dirige aujourd’hui à Lomé une agence de communication spécialisée dans la publicité, l’édition et depuis peu dans l’audiovisuel.
Lambert Adjinon
Capitaine d’aviation, Lambert Kossi Adjinon écope d’une peine de 15 ans de prison au procès de 2011. Il est gracié par décret présidentiel le 14 février 2013. Souffrant déjà au cours de sa détention d’une tumeur à l’oreille gauche, le capitaine est évacué à l’extérieur pour des soins. Lambert Adjinon est aujourd’hui en convalescence en France.
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