Présidentielle en Côte d’Ivoire : « Une charte de bonne conduite est nécessaire, c’est une sorte de mise en garde »
La société civile ivoirienne invite les candidats à la présidentielle du 25 octobre prochain à signer une charte de bonne conduite, « en faveur de la paix et de la non-violence, pour une élection présidentielle apaisée, crédible et ouverte à tous ». Interview de Lucien Tapé Mambo, président de la Plate-forme de la société civile de Côte d’Ivoire à l’origine de l’initiative.
En neuf articles, les signataires s’engagent, entre autres, « à entreprendre des actions en faveur de la paix sociale en gardant de très bonnes relations avec l’adversaire en lui apportant son soutien moral en cas de défaite » ou « à prôner la non-violence, avant, pendant et après l’élection présidentielle ». Lucien Tapé Mambo, président de la Plate-forme de la société civile de Côte d’Ivoire à l’origine de l’initiative, explique à Jeune Afrique l’importance et les enjeux de cette signature.
Jeune Afrique : Le 20 août dernier, vous avez initié, lors d’une cérémonie officielle, une charte de bonne conduite à destination de tous les candidats à la prochaine présidentielle. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Lucien Tapé Mambo : Ils sont d’ores et déjà deux candidats à avoir signé cette charte. Charles Konan Banny et Henriette Lagou. Nous avons pris un peu de retard, car après le lancement, la Commission électorale indépendante (CEI), nous a demandé d’attendre que le Conseil constitutionnel annonce la liste définitive des candidats – ce qui a été fait le 9 septembre. Depuis nous relançons donc les candidats et espérons avoir toutes les signatures, y compris celle du président actuel, d’ici la fin de la semaine.
En quoi cette charte est-elle nécessaire ?
Elle est nécessaire, car elle constitue une sorte de mise en garde. Il s’agit de dire que si en 2010, la société civile ivoirienne n’a pas réellement joué son rôle, cette fois-ci, elle le jouera et sera très vigilante. La campagne électorale démarre officiellement le 9 octobre, et nous suivrons les campagnes de tous, sur l’ensemble du territoire, et les interpellerons à chaque faux pas. Nous avons aussi désigné des observateurs, qui seront présents dans les 5000 bureaux de vote du pays. À notre niveau, nous pourrons donc donner, nous même, nos sentiments sur le scrutin.
Cette charte c’est aussi un rappel. Les candidats doivent avoir à l’esprit le scénario terrible du scrutin de 2010 et éviter tous les comportements, notamment les violences verbales, qui l’ont favorisé. Que tous ceux qui participent au prochain scrutin proposent à la population ce qu’ils peuvent et veulent faire pour l’aider. Nous demandons des programmes, des idées et non plus des violences verbales, des injures.
Après la proclamation des noms des candidats définitifs, des militants de l’opposition ont organisé des marches contre la candidature d’Alassane Ouattara qui se sont soldées par la mort de deux personnes et par plusieurs arrestations. Êtes-vous inquiet quant au climat politique actuel et pour la campagne qui s’annonce?
Non, nous ne sommes pas inquiets. Au sortir d’une crise comme celle que nous avons connue et à l’annonce d’une échéance comme celle que nous allons vivre, il y a toujours des soubresauts. Il y a eu deux morts et c’est inacceptable, mais ces marches ont été spontanées et elles ont été très vite gérées. Pour éviter ce type de drames, il faut désormais que tous les leaders politiques dialoguent. Nous souhaitons donc qu’il y ait au plus vite une rencontre entre pouvoir et opposition, et que tous les problèmes qui subsistent soient aplanis.
Certains d’entre eux ont été Premier ministre, d’autre président de l’Assemblée nationale, ministre, député, élus etc…. Ils sont donc, en théorie, capables de prendre une certaine hauteur, pour se comprendre. En tout cas, nous espérons vivement qu’ils en seront capables.
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