Ramadan : la datte fait les bons comptes de la Tunisie

Produit de terroir à forte connotation culturelle, la datte est plus que jamais tendance. L’engouement qu’elle suscite durant le ramadan propulse la Tunisie parmi les premiers exportateurs mondiaux de ce fruit prisé par les musulmans.

En 2012, les exportations de dattes ont permis à la Tunisie d’engranger 151 millions d’euros. DR

En 2012, les exportations de dattes ont permis à la Tunisie d’engranger 151 millions d’euros. DR

Publié le 8 août 2012 Lecture : 3 minutes.

Recommandées par les diététiciens et portées par la tradition, les dattes sont les plus recherchés des fruits même quand elles ne sont pas de saison. « Si vous devez rompre le jeûne, faites le avec des dattes parce qu’elles sont une bénédiction », préconisait le prophète Mohamed il y a 14 siècles. Depuis, fortes de cette recommandation, les dattes s’octroient une place de choix dans les menus quotidiens de près de 250 millions de musulmans à travers le monde durant le ramadan. Consommée en moyenne à raison de 20 kilos par an et par personne au Maghreb et au Moyen-orient, la datte est devenue un produit agricole stratégique à l’exportation, au même titre que l’huile d’olive ou les agrumes.

En Tunisie, elle a le vent en poupe. Rien que pour 2012, le pays, a exporté plus de 87 000 tonnes de dattes pour une recette de 151 millions d’euros. C’est 19% de mieux que l’année précédente où les 73 400 tonnes mises sur le marché extérieur ont généré 127,5 millions d’euros. Quatrième exportateur mondial après l’Égypte, l’Iran et l’Irak, la Tunisie ne se distingue pas par les quantités produites (en moyenne 180 000 tonnes par an), mais par la qualité de la variété « deglet nour » qui constitue 80 % de son capital phoenicicole. La « reine des dattes » a pour premiers consommateurs le Maroc, la France, les pays du Golfe ainsi que des marchés émergents tels que la Russie, la Turquie et l’Inde. La France, qui ne produit pas de dattes mais les conditionne, se fournit en Tunisie et se classe parmi les dix premiers exportateurs mondiaux : la société Fabre réalise 80 % de ses ventes annuelles rien que pendant le ramadan.

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Les dattes algériennes faibles à l’export

Deuxième producteur et 28e exportateur mondial de dattes, l’Algérie a des difficultés à gérer un secteur pourtant en tête de ses exportations agricoles. Productrice de 600 000 tonnes de dattes par an, l’Algérie est aussi le fief de la deglet nour ; celle de la région de Tolga est considérée comme la meilleure au monde. Cependant le pays n’exporte en moyenne que  3,57 % de sa production totale contre environ 50 % pour la Tunisie. La contre-performance algérienne est due à une insuffisance de financement, un manque de mise à niveau, d’encadrement technique et de qualité de conditionnement. Mais si le pays a du mal à valoriser sa production et à lui ouvrir un couloir vert, le marché de la datte subit aussi l’effet de circuits parallèles qui acheminent une partie de la production vers la Libye et le Maroc, si bien que le prix de la deglet nour sur le marché local atteint des niveaux prohibitifs, jusqu’à 6 euros le kilo. F.D.

Diversifier les variétés

Pourtant les 1,3 million de plants répartis entre Tozeur, Gafsa, Gabès et Kébili qui font vivre près de 40 000 exploitants, sont menacés de dégénérescence génétique. Depuis les années 1960, les revenus juteux de la deglet nour ont poussé les agriculteurs à la monovariété. Les conséquences s’en font aujourd’hui sentir avec un rendement par palmier très faible : 25 kilos actuellement contre 100 kilos et plus ailleurs. Plusieurs plans d’actions visent à développer de nouvelles palmeraies pour lutter contre l’avancée du désert, à préserver la biodiversité et à valoriser des variétés de dattes plus résistantes aux insectes comme la Kintichi et El bisr.

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Cette situation pousse la Tunisie à revoir sa stratégie. Elle entend exploiter le succès de la deglet nour pour introduire sur le marché international d’autres variétés aussi intéressantes mais méconnues telles que la Kinta. Au moyen de diverses incitations, l’État est intervenu pour la mise à niveau du conditionnement et du stockage afin d’assurer une disponibilité des dattes sur toute l’année. Aujourd’hui, 27 unités de conditionnement répondent aux normes européennes.

Tous ces efforts portent leurs fruits si bien que la Tunisie pourrait presque se passer de promotion. « La deglet nour est si demandée par les marchés de distribution que sa vente est facile », affirme le service commercial de Horchani Dattes. De son côté, la marque Deyma axe sur la recherche et développement pour décliner de nouveaux produits. Mais tout n’est pas gagné pour les dattes tunisiennes ; elles ont aussi affaire à une nouvelle concurrence, celle des variétés produites en Israël qui émergent sur les marchés européens. « Nous devons être attentifs, mais, durant ramadan, les principaux consommateurs sont des musulmans qui tendent à favoriser les dattes d’origine arabe », tente de se rassurer un représentant du groupement interprofessionnel des dattes.

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