Togo : 3 ans après son inculpation, Pascal Bodjona attend toujours son jugement… en prison

Arrêté une première fois le 1er septembre 2012, quelques jours après son éviction du gouvernement, et de nouveau il y a un an, l’ancien tout puissant ministre togolais de l’Administration territoriale croupit en prison en attendant un éventuel procès.

Pascal Bodjona placé sous mandat de dépôt le 21 août 2014. © Capture d’écran / Youtube

Pascal Bodjona placé sous mandat de dépôt le 21 août 2014. © Capture d’écran / Youtube

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 18 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Y’aura-t-il un  jour un « procès Bodjona » au Togo ? La question alimente les débats dans les milieux favorables à l’ex-homme fort du gouvernement togolais, Pascal Bodjona. Retour sur une affaire complexe.

Le 1er septembre 2012, la Justice appréhendait Pascal Akoussoulélou Bodjona dans une affaire dite d’« escroquerie internationale ». Le plaignant, l’Émirati Abass Al-Youssef, dit avoir été entraîné dans une arnaque à la nigériane où il aurait perdu 48 millions de dollars entre 2008 et 2010. L’homme d’affaires Bertin Agba, principal suspect, a quant à lui fui le pays en juin 2013 alors qu’il bénéficiait d’une remise en liberté provisoire. Depuis, il se serait réfugié en Afrique du Sud. L’ancien PDG d’Elf, le Français Loïk Le Floch-Prigent, a également été inculpé pour complicité d’escroquerie dans la même procédure. Et Pascal Bodjona, inculpé le 11 septembre 2012, avait été provisoirement libéré le 9 avril 2013, après sept mois de détention à la gendarmerie.

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Un retour… en prison

Puis, lors d’une conférence de presse tenue à Lomé le 23 juin 2014, l‘ancien directeur de cabinet de Faure Gnassingbé avait dénoncé les irrégularités dans la procédure judiciaire diligentée contre lui, et surtout annoncé son retour imminent sur la scène politique. « Tout comme on ne peut interdire à un menuisier de scier son bois, personne ne peut empêcher Pascal Bodjona de faire la politique », avait-il déclaré dans une salle remplie de journalistes. Avant d’ajouter : « Je n’ai pas de rides, je n’ai pas une tête blanche et Dieu merci je jouis d’une excellente santé, je suis donc loin de prendre ma retraite politique… J’entends poursuivre mon action politique dans la dignité ».

L’annonce de ce retour n’est pas resté sans effets. Moins de deux mois après ses déclarations à la presse, le 21 août 2014, Pascal Bodjona était une fois encore convoqué par un juge et placé dans la foulée sous mandat de dépôt. Depuis, « Bodj » est détenu à la prison civile de Tsévié (35 km au nord de Lomé).

La Cedeao juge sa détention « arbitraire »

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Le 24 avril 2015, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a estimé dans un arrêt que la détention de l’ancien bras-droit du président était « arbitraire ». L’institution judiciaire sous régionale a par ailleurs sommé l’État Togolais d’organiser dans les meilleurs délais le procès ou de procéder à la libération immédiate de Pascal Bodjona, faute d’éléments d’appréciation. Mais l’homme est toujours écroué et ses avocats maintiennent la pression pour obtenir sa remise en liberté.

Abass Al-Youssef se ferait de plus en plus rare à Lomé, et une source proche du dossier indique que « les autorités togolaises n’auront bientôt d’autre choix que de libérer Bodjona et d’abandonner les charges retenues contre lui ». Mais ce dénouement semble encore bien incertain.

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