Connaissez-vous le nzango, ce jeu de cour d’école présenté aux Jeux africains ?
Au Congo, les petites filles connaissent très bien le Nzango, elles y jouent dans la rue ou à l’école. Désormais, ce jeu d’enfant passe dans la cour des grands en étant présenté comme un jeu sportif à part entière aux Jeux africains de Brazzaville qui s’achèvent samedi.
Mêlant gymnastique, danse, chanson et une bonne dose de chance, le nzango est populaire sur les deux rives du fleuve Congo, au Congo-Brazzaville, en République démocratique du Congo et jusqu’au Burundi. Un jeu inventé bien avant l’indépendance dans le nord de la République du Congo et dont l’appellation signifie littéralement « jeu de pied » en lingala, d’après la Fédération congolaise de nzango (Feconza) de Brazzaville.
Le jeu est en quelque sorte une version pour les pieds de pierre-feuille-ciseaux, qui aurait été inventée par des filles face aux garçons jouant aux billes et au cerceau. Aujourd’hui, c’est un sport codifié, « comme les autres », mais « au départ, le nzango était pratiqué essentiellement au quartier et à l’école », pendant les heures creuses ou les recréations, explique Blanche Akouala, présidente de la Feconza, créée en juillet 2014.
Parvenues à l’âge adulte, les femmes qui le pratiquent ont des motivations diverses. Nombreuses s’y adonnent pour leur santé ou simplement s’échapper un moment du foyer. « Je joue au nzango pour ne pas perdre l’équilibre. Je le pratique aussi pour lutter contre les rhumatismes. Je sens que je me maintiens et garde la ligne », dit Doris Mantsanga, qui entraîne une équipe de nzango à Brazzaville.
« On joue au nzango pour se souvenir de notre enfance. C’est un jeu de hasard. Aujourd’hui, tu peux bien jouer mais, demain, ce n’est parfois pas le cas. Mais, si tu as la technique, tu t’en sors toujours », témoigne Noëlla Debanda, sur un des terrains de l’ensemble sportif de Kintélé, épicentre des Jeux africains, à 15 km au nord de Brazzaville.
Rêve olympique
Une partie de nzango oppose deux équipes dont les joueuses s’affrontent individuellement à tour de rôle sous le contrôle d’arbitres sur un terrain de 16 mètres sur 8. Les joueuses marquent des points, aussi appelés « pieds », en fonction de la position de leurs pieds par rapport à ceux de leur adversaire. L’équipe gagnante est celle qui marque le plus de points à l’issue des 50 minutes que dure la partie, divisée en deux mi-temps de 25.
Les équipes (onze joueuses et six réservistes) se font face de part et d’autre d’une ligne centrale et attaquent ou défendent alternativement au rythme de chansons chantées en cœur par toutes les participantes et rythmées par des battements de mains. Au début de la partie, chaque camp choisit un pied d’attaque, le droit ou le gauche, étant entendu que ce ne peut être le même pour les deux équipes.
À un moment donné, les deux joueuses qui s’affrontent avancent en même temps un pied vers la ligne. La joueuse qui attaque avec le pied droit marque par exemple un ou plusieurs points chaque fois que son adversaire en face répond avec le pied gauche. En revanche, si la joueuse avance le pied droit et que l’adversaire répond elle aussi du droit, elle perd. Ces mouvements de pieds sont habituellement précédés de sautillements, sauts ou figures aériennes, pour la seule « beauté du jeu » (elles ne rapportent aucun point).
De part et d’autre du fleuve Congo, les amateurs du nzango ont formé des centaines d’équipes de quartier, de paroisse, de corporation et s’affrontent à l’occasion de rencontres amicales ou de tournois, parfois entre équipes des deux Congos. Au Congo-Kinshasa, le jeu est aussi utilisé pour régler des conflits inter-communautaires en amenant des populations divisées à se retrouver autour d’une joyeuse partie.
Un jeu qui s’exporte
Selon des responsables de la Feconza, le nzango s’est également « exporté » au Gabon et au Cameroun, mais pour les Jeux africains, seules cinq équipes du Congo-Brazzaville ont été sélectionnées pour s’affronter sur des terrains à ciel ouvert. Autre sport de démonstration aux Jeux africains, la boxe des pharaons. Jeu typiquement congolais et réservé aux hommes, ce sport de combat a été créé il y a une quarantaine d’années sur la base d’un art martial antique qui serait décrit dans des papyrus égyptiens.
« Il s’agit juste d’une démonstration. Il n’y aura pas de médailles à délivrer. Nous avons retenu le nzango pour le vulgariser et encourager celles qui le pratiquent », affirme Bienvenu Émile Bakalé, directeur général adjoint du Comité d’organisation des Jeux africains (Coja). Nazaire Issié, de la Feconza, a de plus hautes ambitions encore. « Notre objectif, dit-il, est d’en faire un sport olympique ».
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