La visite de François Hollande au Maroc réconcilie définitivement Rabat et Paris
François Hollande et le roi Mohammed VI se sont employés à démontrer que la brouille franco-marocaine appartenait au passé lors d’une visite de deux jours du président français à Tanger.
Après deux jours passés à multiplier les signes d’amitié et de proximité avec le souverain marocain, François Hollande a décollé de Tanger vers 20h GMT. Avant de quitter le pays, le président français a tenu à marteler une dernière fois le message qu’il tenait à passer : les difficultés entre les deux pays « sont non seulement effacées, surmontées mais surtout dépassées », a rappelé François Hollande devant la communauté française réunie au consulat.
« Nouvelle étape » du partenariat franco-marocain
Le chef de l’État français a également assuré avoir « ouvert » avec Mohammed VI « une nouvelle étape » du partenariat franco-marocain. L’objectif de ce déplacement à Tanger était de démontrer que la crise diplomatique de près d’un an provoquée par des dépôts de plaintes en France pour « torture » visant le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, était bel est bien terminée. Et que les liens traditionnellement forts de la France avec le royaume, allié de poids sur les plans sécuritaire, politique et économique, étaient désormais renoués.
« Nous avons une coopération qui n’a jamais cessé » et « rien ne pourra l’altérer », a affirmé François Hollande, évoquant le volet sécuritaire. Car, a-t-il précisé, les deux pays sont dans le domaine du terrorisme « confrontés aux mêmes défis ».
Une cinquantaine d’imams français formés à Rabat chaque année
La France et le Maroc, qui ont récemment durci leur arsenal législatif antiterroriste, ont par ailleurs décidé d’unir leurs efforts pour la formation d’imams à l’Institut Mohammed VI.
Une déclaration conjointe a été signée samedi 19 septembre pour stipuler que cette formation devra promouvoir « un islam du juste milieu » conforme aux « valeurs d’ouverture et de tolérance » mais aussi « pleinement ancré dans les valeurs de la République et de la laïcité ». Selon l’entourage du président français, « une cinquantaine d’imams français » pourraient suivre chaque année dans cet institut à Rabat une formation religieuse, complétée par un enseignement civique assuré par la France.
Paris veut conserver sa place de premier partenaire économique
La France souhaite par ailleurs renforcer son rang de premier partenaire économique de Rabat grâce à l’importance de ses investissements, même si elle s’est fait ravir par l’Espagne la place de numéro un pour les échanges commerciaux.
Accompagné de cinq ministres et d’une délégation étoffée de chefs d’entreprises, François Hollande a ainsi pu découvrir samedi les rames flambant neuves du TGV marocain, livrées par Alstom, qui doit entrer en service en 2017-2018 pour relier à terme Tanger à Casablanca. « Nous sommes capables d’avoir des partenariats exceptionnels », a souligné le président français, faisant également référence à l’implantation de la méga-usine de Renault près de Tanger.
L’environnement, au cœur des discussions
Dimanche 20 septembre, les deux chefs d’État ont également signé un « Appel de Tanger » en vue de la prochaine conférence sur le climat (COP21) à Paris et de la suivante, en 2016 à Marrakech. Les deux dirigeants ont promis de travailler « main dans la main pour la réussite de ces deux rendez-vous ».
Le Maroc, deuxième pays africain à avoir remis sa contribution pour la conférence de Paris, s’est engagé à réduire de 13% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Et pourrait, à condition de recevoir un appui financier international, passer à 42% d’énergies renouvelables d’ici à 2020.
Critiques des ONG
En dépit de ces bonnes résolutions, la visite de M. Hollande s’est déroulée sous le feu de critiques d’organisations de défense des droits de l’homme et de la liberté de la presse. L’association Reporters sans frontières a dénoncé des atteintes à « la liberté d’information » au Maroc, alors que d’autres se sont insurgés de la prochaine remise des insignes d’officier de la Légion d’honneur à Abdellatif Hammouchi, chef de la Direction générale de la surveillance du territoire.
Le président français l’a justifiée par la qualité de la coopération entre les services de renseignement français et marocains, soulignant que celle-ci avait permis « de prévenir un certain nombre de risques, de menaces, d’attentats » en France, au Maroc mais aussi en Europe.
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