À la poursuite des actifs souverains
La Libyan Investment Authority se bat sur deux fronts. D’un côté, elle doit obtenir le dégel de ses avoirs en Europe. De l’autre, elle tente de récupérer ses participations dans les télécoms au sud du Sahara.
Alors que le premier anniversaire de la chute de Tripoli approche, la Libyan Investment Authority (LIA) cherche toujours à récupérer ses avoirs gelés pendant la révolution. En parallèle, elle enquête sur les pertes qui ont été mises au jour, soit 1,95 milliard de dollars (1,6 milliard d’euros) volatilisés après avoir été confiés à Goldman Sachs et à la Société générale en 2007 et 2008. Ces capitaux de l’État libyen ont été investis dans un panier de valeurs et en actions de six sociétés : les banques américaine Citigroup, italienne UniCredit et espagnole Santander, la compagnie allemande d’assurances Allianz, le français EDF et le géant pétrolier italien Eni.
Mais la crise financière est passée par là, et le fonds souverain libyen (créé en 2006 et alimenté par les recettes pétrolières) a fondu comme neige au soleil. Selon Mohsen Derregia, son nouveau président, la valeur des actifs du portefeuille de la LIA serait comprise entre 50 milliards et 60 milliards de dollars. En juin, au cours d’une visite à Milan (Italie), Mohsen Derregia a réclamé à la Société générale et à Goldman Sachs le remboursement de 1,75 milliard de dollars sur des produits structurés de ces deux banques internationales.
Main basse
En Afrique aussi, la Libye tente de récupérer ses avoirs et de rationaliser ses investissements. En 2011, LAP Green Networks, filiale télécoms de la LIA, détenait des parts dans neuf opérateurs de téléphonie en Afrique subsaharienne, dont Sotel Tchad, GreenN en Côte d’Ivoire et Gemtel au Soudan du Sud. Certains gouvernements africains ont profité de la confusion ambiante en Libye pour en prendre le contrôle.
L’Italie dégèle au compte-gouttes
Un tribunal italien a dégelé fin juillet les actions détenues par la Libyan Investment Authority (LIA) dans le pétrolier Eni. Ces actifs représentent 0,58 % du capital d’Eni. Ils ont été saisis en début d’année avec une série d’autres actifs italiens, à la demande de la Cour pénale internationale (CPI). L’ensemble de ces actifs valait environ 1,3 milliard d’euros au moment de la saisie. La CPI devrait se prononcer en septembre sur le dégel du reste, qui comprend des participations dans la plus grande banque italienne, UniCredit (2,9 %), dans le groupe de défense et d’aéronautique Finmeccanica, dans le constructeur automobile Fiat ainsi que dans le club de football de la Juventus de Turin. M.P.
En janvier dernier, l’État zambien s’est ainsi arrogé 75 % du capital de Zamtel, que LAP Green Networks avait acquis pour 257 millions de dollars lors de sa privatisation, en 2010. L’opérateur libyen, qui a assigné le gouvernement zambien en justice, lui réclame 480 millions de dollars d’indemnisation. Puis, en mai, le parlement nigérien a voté la nationalisation de Sonitel, sonnant le glas de l’accord de privatisation passé avec LAP Green Networks, qui devait racheter 51 % de sa licence pour 62 millions de dollars.
En Ouganda, la situation est plus mitigée. Le 25 mai, LAP Green Networks, détenteur de 69 % de Uganda Telecom depuis 2007, en a repris le contrôle via sa filiale Ucom, alors que Kampala (co-actionnaire avec 31 %) avait fait main basse sur l’opérateur un an plus tôt. Mais le recouvrement d’autres actifs en Ouganda est loin d’être acquis, à l’image des 49 % de parts détenues par la Libyan Arab Foreign Investment Company (Lafico) dans la société nationale NHCC (construction immobilière). En février, une décision de justice a statué en faveur de l’homme d’affaires et député ougandais Hajji Mohamed Mbabaali, qui réclamait 9,5 millions de dollars au fonds libyen. Ce dernier s’est en outre vu interdire de transférer ou d’empocher les dividendes de ses participations.
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