« Le métro d’Addis est le plus confortable que j’ai jamais vu »

Addis-Abeba a inauguré le 20 septembre sa première ligne de métro urbain, 17 km du nord au sud qui seront très bientôt doublés par un trajet est-ouest. 60 000 passagers par jour sont attendus. Reportage dans des wagons bondés.

Le nouvel équipement a coûté 475 millions de dollars. © Reuters

Le nouvel équipement a coûté 475 millions de dollars. © Reuters

Publié le 22 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Ce lundi 21 septembre au matin, Addis-Abeba ressemblait à un gigantesque parc d’attraction dans lequel on inaugure un nouveau manège : du nord au sud de la ville, d’immenses files d’attente pour acheter son ticket, une attente fébrile, et enfin, le grand frisson. La capitale éthiopienne vient de lancer sa première ligne de métro urbain (un équivalent du tramway), et c’est forcément un évènement après trois ans de travaux (menés par China Railway Engineering Corporation) et de désagréments pour la circulation en ville.

« Je suis là juste pour le fun », sourit Getachew, la vingtaine, qui n’est jamais monté dans un quelconque wagon. Comme lui, tous les passagers du jour semblent là pour la découverte. Et heureusement, car ce « light train », comme on dit ici, doit encore trouver son rythme de croisière. Alors qu’une fréquence de six minutes est annoncé, il faut patienter presque une demi-heure entre chaque rame. Et pour rallier le terminus de Menelik II Square, au nord, jusqu’au Stadium, en plein centre-ville, c’est une demi-heure aussi – en spectaculaire surplomb de la ville sur cette portion.

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Mais le trajet devrait bientôt être plus court. Car pour ce démarrage, les wagons sont bondés, et chaque station est l’occasion d’une foire d’empoigne entre ceux qui veulent monter et ceux qui veulent descendre. Des policiers tentent de mettre un peu d’ordre, mais ils sont débordés par l’enthousiasme des passagers. « Ecartez-vous ! Un autre train va arriver », crie désespérément le conducteur chinois (aucun Ethiopien n’était visible aux commandes le 21 septembre) pour pouvoir refermer les portes.

Vitrine

« Dans de grandes villes comme Tokyo, Paris, New York, j’avais déjà eu la chance de prendre le métro, mais c’est le plus confortable que j’ai jamais vu », s’enflamme Melaku, qui était de ceux à avoir une place assise et n’a donc pas été comprimé. « L’Ethiopie a l’une des économies les plus rapides d’Afrique, et en voici une preuve délivrée au monde entier. Le gouvernement fait un travail extraordinaire. Cela va créer des emplois, attirer des touristes, améliorer la circulation en ville, protéger l’environnement… »

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Même s’il n’a pu être disponible à temps pour les élections législatives de mai dernier ni même pour le nouvel an éthiopien, il y a dix jours, ce tramway est en effet une vitrine pour le gouvernement, qui affiche ses bons résultats macroéconomiques sans que la majorité de la population n’en ressente concrètement les conséquences. Alors même si les cabines pour vendre les tickets ne sont encore que des containers posés dans la rue, même si les voies sont loin d’être reluisantes, il était important d’ouvrir une ligne. L’ouverture de la seconde, d’est en ouest avec un tronçon commun en centre-ville, est prévue dans les semaines à venir.

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Bientôt, ce tramway sera ainsi synonyme de routine quotidienne pour des milliers d’Ethiopiens. Mais en attendant, ceux qui ont pu faire un selfie dans le wagon bondé ont un beau souvenir à raconter aux autres qui ont du, eux, aller travailler dans de tristes et ancestraux minibus.

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