Le Niger emprunte 50 milliards de F CFA à Brazzaville
Le Niger a emprunté 50 milliards de F CFA (93,73 millions d’euros) à la République du Congo pour faire face à une brusque augmentation de son budget.
C’est une opération inédite en Afrique francophone : le Niger a fait appel au Congo-Brazzaville pour l’aider à boucler son budget 2012. Le pays producteur de pétrole d’Afrique centrale a accepté de venir en aide au sahélien et devrait lui octroyer un prêt de 50 milliards F CFA (93,73 millions d’euros) à 4%, remboursable sur 10 ans. Confronté à une double crise, alimentaire et politique, le Niger a revu deux fois son budget 2012 à la hausse pour le fixer finalement à 1 444 milliards F CFA (2,2 milliards d’euros), soit une augmentation de 55% par rapport à 2011.
« L’opération a pu surprendre, explique une source proche du dossier. Mais cela s’explique : outre que le Congo dispose de ressources en tant que producteur de pétrole, ce qui n’est pas encore le cas du Niger, il faut considérer la proximité idéologique, socialiste, des deux chefs d’État. »
Un emprunt de facilitation ?
Fragilisé par la crise politique au Mali et la chute de Kaddafi, le Niger a augmenté d’un tiers ses dépenses de défense et de sécurité en 2012. De plus, le pays s’est lancé dans un ambitieux plan de dépenses, estimé à 6 000 milliards F CFA sur les cinq prochaines années, promis par le nouveau président Mahamadou Issoufou lors de son élection, il y a un peu plus d’un an. Cependant, bien que Gilles Baillet, le ministre des Finances, a assuré que cet emprunt reviendrait moins cher qu’une émission obligataire, des doutes subsistent quant à sa soutenabilité.
En effet, le gouvernement semble baser ses calculs sur un prix des matières premières a minima stable, notamment celui de l’uranium et du pétrole. Or, les cours sont extrêmement volatiles. Un économiste nigérien, contacté par Jeune Afrique à propos de cette opération, s’inquiète que cet emprunt ne soit pas affecté à un projet particulier, mais vienne seulement faciliter le bouclage d’un budget tendu : « On se demande quelle est la logique derrière cet emprunt : y-a-t-il un besoin réel ou le gouvernement cherche-t-il plutôt à se faciliter les choses, au risque de relancer une dynamique d’endettement ? »
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