Abdessamad Kayouh : « Les produits marocains gagnent en qualité »

En prenant ses fonctions en janvier, le ministre marocain de l’Artisanat, Abdessamad Kayouh, a voulu d’abord évaluer le résultat des actions engagées pour dynamiser le secteur. L’état des lieux s’avère plutôt satisfaisant, même si quelques freins persistent.

Abdessamad Kayouh, ministre de l’Artisanat. © Pascal Airault

Abdessamad Kayouh, ministre de l’Artisanat. © Pascal Airault

Publié le 24 juillet 2012 Lecture : 2 minutes.

Abdessamad Kayouh : L’artisanat est le premier pourvoyeur d’emploi du royaume, il occupe en effet quelque 2,2 millions de personnes, soit 20 % de la population active, et constitue une école de formation et de qualification pour la jeunesse.

Les activités sont regroupées en deux sous-secteurs, à commencer par l’artisanat d’art et de production, lui-même segmenté en artisanat à fort contenu culturel et en artisanat utilitaire tel que la confection de chaussures et de meubles. Le secteur englobe aussi des services comme la coiffure, la peinture, la réparation de voitures, la plomberie, la tôlerie, etc. Les services emploient plus de 1,2 million de personnes, l’artisanat utilitaire 600 000 et l’artisanat à fort contenu culturel 371 000. 

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Où en sont la « Vision 2015 » et les plans de développement régionaux ?

On est en avance. L’Observatoire national de l’artisanat est opérationnel, un cadre juridique a été élaboré (notamment pour l’organisation des chambres d’artisanat), les 16 plans de développement régionaux sont mis en oeuvre, 31 villages et espaces consacrés aux artisans ont été créés, 25 centres de formation ont été construits ou réhabilités, etc.

L’avantage est que l’on travaille de manière globale, sur tous les aspects (production, commercialisation, innovation, formation et recherche, certification, organisation du travail des artisans), sans oublier de mettre en valeur des métiers particuliers comme la reliure-dorure, le zellige de Tétouan, la poterie de Meknès, ou encore la sellerie traditionnelle et la marqueterie fine de Fès. 

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Mais certaines contraintes n’ont pas été résolues…

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Oui, en particulier l’absence d’une couverture sociale adaptée aux attentes des artisans, les difficultés d’accès au financement bancaire, d’approvisionnement en matières premières, et à préserver les métiers en voie de disparition. Des sujets sur lesquels le ministère consulte régulièrement les professionnels et les banques pour trouver des solutions. 

Quelles sont les filières porteuses concernées par la « Vision 2015 » ?

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Il s’agit de la décoration, de l’habillement, de l’ameublement, de la bijouterie et du bâtiment traditionnel. Cinq filières qui englobent nombre de métiers porteurs : bois, habillement, chaussure, maroquinerie, bijouterie, tapisserie, fer forgé, dinanderie, poterie-céramique, vannerie… Cela représente 97 % du chiffre d’affaires global de l’artisanat à fort contenu culturel et 98 % des emplois. 

Justement, comment ce chiffre d’affaires évolue-t-il ?

Il est passé de 10,3 milliards de dirhams [environ 900 millions d’euros, NDLR] en 2007 à près de 16 milliards en 2010, soit une croissance moyenne de plus de 15 % par an. Ce dynamisme se traduit par la création de plus de 600 PME depuis 2007. Pour l’instant, 98 % des ventes sont réalisées au Maroc, mais notre nouvelle stratégie vise à renforcer les marchés classiques à l’export, notamment européens, et à en développer de nouveaux dans les pays arabes, en Europe de l’Est, en Asie et sur le continent américain. Une stratégie qui s’appuie sur l’amélioration de la qualité des produits et leur adaptation au goût des consommateurs, aussi bien nationaux qu’étrangers.

À cet égard, le ministère de l’Artisanat s’est engagé dans un programme normatif, qui a déjà permis d’enregistrer 142 normes et 8 marques collectives de certification « Madmoun ». Cela nous a déjà permis d’introduire des produits de l’artisanat marocain dans les grands réseaux de distribution, comme les Galeries Lafayette en France, KDW en Allemagne et Harrods en Angleterre.

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Propos recueillis par Pascal Airault

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